28.10.06

Coup de vieux

Il y a quelques semaines : rentrée à la fac, je me retrouve au resto U, à faire la queue comme tout le monde pour m’acheter un carnet de tickets. Je suis entouré d’autres étudiants, visiblement la plupart sont en première année. Premier signe: ils discutent entre eux pour essayer de comprendre comme ça marche, où on prend la bouffe, où on paye, etc. Je me permets de me mêler de la conversation pour expliquer, ce que personne n’a fait quand c’était moi qui était un jeune arrivant paumé (j’ai bien dû manger un mois à la cafétéria à côté en pensant qu’il s’agissait du resto U, c’était mal indiqué à l’époque). Deuxième signe: les fringues. Mine de rien, on se "normalise" au bout de quelques années à l’université, mis à part quelques irréductibles qui se baladent toujours au bout de cinq ans en tenue pseudo-punk pseudo-gothique rose fluo, ou en costard et borsalino (look "truand marseillais des années folles"). Sans atteindre ces extrêmes, là c’était "l’uniforme" lycéen qui prédominait: le genre mi "sportif au retour d’entraînement" mi "émule tardif du Che au sortir de la jungle". Troisième signe: les visages eux-mêmes. Eh oui, là je dois le confesser, j’ai pensé: «Oulah, ils ont l’air bien jeunots…» Et aussitôt après j’ai pensé: «Oulaaaaah, ça fait trop longtemps que je suis là moi, si je me mets à penser ce genre de trucs!». Cinq ans de bons et loyaux services à Aix, j’entame une sixième année et quand je regarde les nouveaux arrivants je vois tout de suite la différence avec moi (en plus c’était juste après ma soutenance, donc j’étais en chemise et pantalon, forcément…) ou avec mes condisciples.

Plus récemment, je dois rendre un papier au secrétariat, ce qui n’est pas une mince affaire vu qu’il n’est ouvert que deux heures par jour, et généralement quand j’ai cours (ou quand je ne suis pas sur Aix). Je finis par trouver un créneau, je me présente, ce n’est pas la secrétaire habituelle. Celle-ci semble un peu paumée face à une étudiante de première année (décidément) qui a un problème d’option placée pas au bon semestre, et à qui je finis par donner quelques conseils (décidément, bis). Ce problème réglé, mon tour arrive, je présente donc le document, sauf que mon interlocutrice ne sait visiblement pas de quoi il s’agit. Elle regarde, cherche à comprendre et me demande: «Mais... vous êtes prof?»

AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARGH !!!!!

24.10.06

Coup du sort

Je viens de passer plusieurs jours plongé presque sans interruption dans Cleveland de Prévost. Ne me demandez pas pourquoi, il n’y a pas forcément de rapport – mis à part le XVIIIe siècle sans doute – mais ce soir, je me suis saisi dans ma bibliothèque de l’essai sur (l’éloge de?) Casanova par Philippe Sollers; je l’ai re-feuilleté, et finalement je me suis mis à le relire – à défaut de pouvoir me plonger directement dans l’Histoire de ma vie qu’il faudra décidément que j’achète un de ces jours, mais les trois volumes de l’édition "Bouquins" sont un peu chers et je ne suis pas du tout en fond en ce moment (et puis, encore un texte long dont la fréquentation n’est guère encouragée l’année de l’agrégation; le texte de Sollers lui est court et se parcourt en une soirée ou deux, même si bien sûr il n’est jamais aussi brillant que dans les passages où il cite, tout simplement, le texte de Casanova).

Petit délassement d’une soirée (ou deux, donc: à voir…). Après un long coup de téléphone à Sophie – avec la lecture d’un passage hilarant (si si, il y en a; en tout cas un, et selon moi) de Cleveland comme prétexte de départ –, je me suis mis à regarder le documentaire sur Chirac diffusé sur la 2 – pris en cours de route mais bien plus intéressant que je n’aurais pensé. Et puis, donc, le livre, d’abord parcouru distraitement tout en écoutant ledit documentaire en parallèle.

J’ai fini par couper le sifflet à notre président pour rester seul en compagnie de l’homme le plus aimable du XVIIIe siècle.

Une heure ou deux plus tard, je vais fermer mes volets – dehors il pleuvine mais il fait chaud, si je laissais la fenêtre ouverte? Puis je me dirige vers une pile de disques, essayons de mettre une ambiance sonore en adéquation avec la lecture, je cherche un CD de concertos de piano de Mozart (par Géza Anda). Je trouve le disque, le soulève, et là que vois-je?

Ma carte d’étudiant de cette année, que j’avais perdu de vue depuis plus d’un mois et dont je désespérais de retrouver la trace.

Casanova, Mozart, les admirables.

16.10.06

En attendant les barbares

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Il faudra que je trouve l’astuce miracle pour glisser discrètement le contenu de tous les posts potentiels en retard depuis septembre (anniversaire de Sophie, Journées du Patrimoine, pendaison de crémaillère d’Hervé et Marie, et je ne parle même pas de la possibilité de remonter jusqu’à l’expo Cézanne ou de glisser une critique de film), mais d’ici là en voici toujours un, court, pour témoigner d’un coup de cœur.

En attendant Musset, Brecht, Shakespeare et les autres, le Théâtre de la Criée à Marseille a ouvert sa saison en accueillant la tournée d’un spectacle venu de l’étranger, adaptation de Guerre et Paix signée Piotr Fomenko. Le nom de ce dernier ne vous dira peut-être rien, mais sachez que ledit Fomenko est l’un des grands du théâtre russe actuel. C’est à la tête de son « Atelier » qu’il a entrepris de concrétiser ce pari fou que représente l’adaptation théâtrale du roman de Tolstoï – un projet qu’il aura mis sept ans à mener à terme (soit un an de plus que ce qu’il fallut à Tolstoï lui-même pour achever sa fresque), mais le résultat, créé en 2001, est à la hauteur du chantier : tout simplement exceptionnel.

Devant l’impossibilité représentée par l’adaptation du roman entier – soit un millier et demi de pages dont l’action s’étale sur une quinzaine d’années d’Histoire russe et européenne –, Fomenko a finalement décidé de se concentrer sur “l’ouverture” du roman, qui se déroule en 1805 et présente les personnages principaux tandis que l’ombre de la guerre se fait de plus en plus nette. De cette première moitié de la première partie du matériau original, Fomenko a tiré un spectacle de plus de trois heures, interprété par quinze comédiens à qui sont dévolus une bonne trentaine de rôles, au centre desquels on retrouve les personnages de Pierre (Andreï Kazakov) et du prince Andreï (Ilia Lioubimov).

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Dans un décor dépouillé – une grande carte d’Europe en guise de toile de fond, des chaises, des échelles, des tréteaux métalliques –, l’adaptation se concentre sur les scènes essentielles et les personnages-clés du roman, passant à la trappe la continuité narrative au risque de paraître parfois inintelligible à qui n’aura pas lu Tolstoï. Mais le plus étonnant dans tout cela est que quand la pièce s’achève, après 3h40 de représentation en russe (avec traduction surtitrée), la première réaction est de s’étonner que cela soit déjà fini. Mené tambour battant par une exceptionnelle troupe de comédiens à peu près capables de tout (des différents registres de jeu aux acrobaties les plus étonnantes, en passant par le chant, la danse, l’interprétation musicale…), ce Guerre et Paix conjugue sans temps mort la comédie de mœurs grinçante, voire féroce, et ce qu’on pourrait appeler la “tragédie in progress”, la mise en place des éléments qui conduiront inévitablement à la catastrophe (quelque part hors du champ représenté sur scène). Fomenko prouve ainsi que l’on peut faire de l’épique avec une grande économie de moyens, et surtout que « mise en scène contemporaine et originale » n’est pas obligé de rimer avec « vaste n’importe quoi ». À la fin des longues salves applaudissements, on quitte la salle avec le regret qu’il n’ait pas poussé plus loin son adaptation, et l’envie de se plonger dans le roman.

11.10.06

L’idée « géniale » du jour

Elle nous vient d’Outre-Rhin, mais ce genre d’idées n’est hélas que trop dans l’air du temps actuellement en Occident et plus particulièrement dans cette Europe qui en a assez de passer pour une « vieille dame » aux yeux des tout-puissants Ztazunis et se dit qu’elle aussi, elle peut faire comme les jeunes, mettre une casquette de basketteur à l’envers et empoigner son déambulateur pour descendre cramer des voitures (je caricature un peu, ok, ok, mais bon…). Tout ça pour dire qu’une personne que je ne nommerais m’a fait parvenir le contenu du texte d’un mail au sujet d’une pétition, elle a juste oublié… de faire parvenir aussi ladite pétition qui se trouvait en pièce jointe. Je ne sais pas trop si ça peut se retrouver sur le net, j’ai essayé par le site de l’IFLA, je n’ai pas trouvé, mais peut-être en cherchant mieux ? Bref, voici ledit texte, dans lequel j’ai juste pratiqué quelques coupes en enlevant les références personnelles les plus précises :

[…] Voici un petit mail collectif pour attirer voter attention sur l'actualité des bibliothèques en Allemagne : pour mettre un terme à un conflit juridique entre le Land de Bade-Wurtemberg et l'ex famille grand-ducale, portant sur l'indemnisation de cette famille spoliée par la révolution de 1918, le gouvernement du Land n'a rien trouvé de mieux que de verser 70 millions d'euros aux héritiers des grands ducs... en vendant aux enchères 3500 des 4200 manuscrits médiévaux de la bibliothèque de Karlsruhe pour trouver l'argent ! c'est un peu comme si la BN décidait de mettre en vente une partie de son fonds ancien pour rembourser les nobles de la révolution française. Pour éviter que ce fonds ancien soit dispersé chez des particuliers à travers le monde, voici en pièce jointe une pétition pilotée par l'IFLA, que vous pouvez signer en tant que "Associated members", même si vous n'êtes pas membres de l'IFLA. Si vous signez, ce serait bien de renvoyer ensuite la pétition à Jan Bos, le responsable, à l'adresse suivante : Jan.Bos@KB.NL […] Au-delà de la dispersion d'un patrimoine artistique et culturel appartenant à la communauté, n'oublions pas que ce genre de décision est également extrêmement nuisible pour la recherche. […]

A priori l’information semble hélas sérieuse (non je vous refais pas le coup de la grande méchante attaque de la Sorbonne), même si on parle pas beaucoup sous nos latitudes, j’ai réussi à trouver ça sur le net, et pour ceux qui pratiquent la langue de Goethe, sur le site même de la bibliothèque, il en est question par là (descendez à la date du 04.10.06).

Alors je ne sais pas trop quelles sont les chances d’aboutir d’une pétition mais bon… on ne sait jamais, ça vaut peut-être

Pendant que j’en suis à glisser des liens, un autre chouette exemple de collusion entre art et biseness (mais en plus light quand même, faut pas non plus que je vous cause une attaque cardiaque), le dernier billet de la toujours excellente Boîte à Images … on vit une époque formidable.

4.10.06

Je vais bien, tout va bien

Mémoire secondaire achevé la nuit dernière, rendu aujourd'hui.

Problème de la salle pour les cours d'agrégation réglé (apparemment).

En plus la plupart des cours sont très bien.

Par contre là ladite nuit dernière j'ai dormi 2h30 environ, donc là dodo.

RZzzzzzzzzzzz