22.6.09

Rattrapage

Parce que ça commence à dater mais que j’aimerais bien en dire trois-quatre mots quand même...

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Miyazaki, enchanteur simple
Annoncée par Hayao Miyazaki, la volonté de simplicité qui caractérise son ‘‘petit dernier’’ Ponyo sur la falaise (Gake no ue no Ponyo) transparaît à l’écran de façon assez frappante. Simplicité de la forme, en l’occurrence du dessin, d’un côté: même si elle n’empêche pas quelques magnifiques séquences, à commencer – littéralement – par le superbe ballet sous-marin d’ouverture. Simplicité du fond, de l’autre, qui semble cette fois curieusement dépourvu de ces riches sous-textes qui font une part de la réputation du senseï et qu’on retrouve habituellement même dans ses films les plus directement ‘‘enfantins’’ (comme par exemple Kiki la petite sorcière), mais qui se traduit également par de bizarres faiblesses du scénario, des pistes abandonnées presqu’aussitôt qu’esquissées (la juxtaposition de l’école maternelle et de la maison de retraite), et même ce qui semble bien être des incohérences pures et simples (les motivations et plans du sorcier Fujimoto, toute la fin ‘‘initiatique’’)... Qu’on se rassure: le talent d’enchanteur de Miyazaki étant ce qu’il est, un film même mineur de sa part reste bien au-dessus de la moyenne, et Ponyo réserve donc aux spectateurs de tous âges son lot de moments d’émotion (la belle scène de la discussion par signaux lumineux entre Sôsuke, sur son balcon, et son père, sur le bateau où il travaille), d’ébaudissement (le retour de Ponyo ‘‘humanisée’’ vers la terre, courant sur les vagues-poissons d’une tempête au son de variations hisaishiennes sur la Chevauchée des Walkyries!), de poésie plus ou moins ‘‘décalée’’ (Fujimoto sur la terre ferme et son arrosoir, ou la ballade au-dessus de la ville submergée). – J’avoue également avoir un faible pour le beau personnage de Lisa, la mère de Sôsuke. – Soit donc, au final, amplement de quoi passer un moment magique à tout âge, même si incontestablement Ponyo ne fait pas partie des plus grandes réussites de Miyazaki. (Et au fait, tant qu’on en parle: à quand un nouveau film de Takahata?...)


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Le dernier rempart contre la barbarie
Si Miyazaki excelle dans l’art ô combien délicat de réussir une œuvre presque uniquement avec de bons sentiments, tel n’est clairement pas le souci de Michel Hazanavicus qui semble surtout s’amuser à voir perpétuellement jusqu’où il peut aller trop loin... dans l’autre sens bien sûr! Toujours aussi obtus, prétentieux, imbécile, macho, franco-centré et xénophobe, l’OSS117 mouture Jean Dujardin débarque cette fois dans le Brésil de la fin des sixties à la recherche d’un ancien officier nazi possesseur d’une liste de haut-fonctionnaires collabos. Le «meilleur agent français» fait en chemin la leçon aux hippies, balance énormités antisémites sur énormités antisémites à des agents du Mossad atterrés, s’acharne à faire cuire un crocodile à la broche lorsqu’il s’égare dans la jungle, ou encore débarque déguisé en Robin des Bois dans une réunion d’anciens SS – liste non-exhaustive! Jouant du running gag absurde comme de la référence plus ‘‘érudite’’, du pastiche cinématographique élégant comme du gros comique visuel qui tâche, Rio ne répond plus, nettement plus réussi encore que Le Caire nid d’espions, confirme le caractère réjouissivement ovniaque de la saga OSS117 dans le morne paysage de la ‘‘comédie’’ française actuelle. Une mise en scène suffisamment inventive, qui se démarque de l’envahissante norme des téléfilms, des dialogues travaillés, un scénario qui parle d’autre chose que de trentenaires et de réussite financiaro-sociale et ose revendiquer l’usage immodéré du mauvais goût sans verser dans la connivence lourdingue façon Fabien ‘‘après tout nous sommes tous des beaufs’’ Ontoniente (entres autres noms possibles, hein!), autour d’un personnage irrémédiablement con que rien ne vient jamais racheter, sorte de petit-fils spirituel des amours monstrueuses de Louis de Funès et de l’inspecteur Clouseau, un Jean Dujardin qui donne l’impression d’avoir trouvé LE rôle de sa carrière et une Louise Monot qui ne fait pas potiche – que demander de plus? Une hilarante course-poursuite ‘‘au ralenti’’ en déambulateur à travers un hôpital? Y en a aussi.

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Etreintes bridées
Dernier changement de cap enfin dans ce billet qui marie décidemment avec un bonheur difficilement égalable (amha) les genres et registres du cinéma. La sortie d’Etreintes brisées (Los abrazos rotos) étant – un peu – plus récente que celles des films dont il est question ci-dessus, j’aurais pu faire comme si de rien n’était et tenter de vous trousser un billet digne de ce nom pour en parler, seulement voilà: je ne trouve vraiment pas grand-chose à dire du dernier opus de Pedro Almodóvar. Pourtant... Pourtant l’idée de départ du scénario est intéressante. Pourtant Penélope Cruz (Lena) est radieuse, presque transfigurée, et surprenante de justesse – tous les tics de jeu qu’elle se trimballe depuis des années semblant soudain avoir miraculeusement disparus –, Jorge Luis Gomez (Hernesto Martel) est étonnant – on le croirait presque sorti d’un film de David Lynch –, Lluis Homar (Mateo Blanco / Harry Caine) ne démérite pas. Pourtant il y a plusieurs scènes magnifiques, toutes les séquences tournées du côté de Lanzarote notamment (l’escapade du couple, Harry sur la plage...), et d’autres fortes et bien amenées (Lena ‘‘doublant’’ elle-même le film muet pour son mari, lui annonçant la rupture). Pourtant, en général, j’aime bien les films qui parlent de cinéma (et les livres qui parlent de littérature, oui je sais que c’est une perversion...). Pourtant je préfère Almodóvar quand il reste relativement sobre, comme dans Parle avec elle, sans aucun doute le film de lui que je préfère, ou comme ici, donc. Seulement voilà, même si j’ai apprécié les deux heures passées en salle devant ce film, je n’ai pas non plus été touché par lui. Et je ne suis même pas sûr que ce soit la faute des maladresses qu’on trouve dans ce film, parallèlement à tout ce que je viens de dire, et/ou des lourdeurs dans les jeux de référence cinématographiques qu’une bonne partie de la critique a pointé du doigt. Ni ému, ni irrité, ni même ennuyé, je suis tout simplement sorti de ces Etreintes-là dans l’état où j’y étais entré. Tout prêt à dire que c’était, à tout le moins, un bon film, mais bien incapable d’en dire beaucoup plus, et bien peu, finalement, motivé pour le faire.

19.6.09

Recommencement
(Vers lus en ouvrant un livre au hasard)

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We learned the Whole of Love —
The Alphabet — the Words —
A Chapter — then the mighty Book —
Then — Revelation closed —

But in Each Other’s eyes
An Ignorance beheld —
Diviner than the Childhood’s —
An each to each, a Child —

Attempted to expound
What Neither — understood —
Alas, that Wisdom is so large —
And Truth — so manifold!



Emily Dickinson. Illustration: Joan Miró, Bleu II, 1961.

5.6.09

Décidément inadmissible

Pas envie de commenter. Même pas regardé le détail des notes pour l’instant. Mais au moins après deux mois d’attente je suis fixé sur mon emploi du temps des semaines à venir. (Toujours) pas d’oraux en vue donc mais des articles à terminer de rédiger et une thèse à mettre (enfin) en place. Et parallèlement (peut-être, enfin sans doute), le retour prochain du blog à une activité normale.

En attendant, et sans aucun rapport, hommage à David Carradine.