7.8.09

Hommes, femmes: modes d’emploi

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La pousser dans ses retranchements, exploiter ses plus tragiques fêlures, l’acculer jusqu’à l’hystérie et s’ériger en Inquisiteur pour qu’elle se reconnaisse Sorcière, devenir sa victime pour mieux l’en punir et renaître Messie (Antichrist de Lars Von Trier).

Risque pour le couple: divorce par mutilations diverses et immolation par le feu. Risque cinématographique: voir un de ses films les plus inspirés se faire huer par le même festival qui a palmedorisé l’indigent Dancer in the Dark (2000) et être traité de machiste par ceux qui se sont endormis en court de projection.

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Être le désir et la proie, mettre les pieds dans le plat, puis dans un deuxième plat, puis encore un troisième, sans oublier le vase de Chine. La maladresse peut être touchante: encore faut-il vouloir être touché en retour (Fais-moi plaisir! d’Emmanuel Mouret).

Risque pour le couple: devoir assumer ses erreurs mais aussi celles de l’autre. Risque cinématographique: devoir assumer la comparaison avec The Party de Blake Edwards (1968); mais pour la fraîcheur de cette réjouissante résurrection du burlesque dans le cinéma français – et les jolis minois dont Mouret ne cesse de s’entourer (trop dure la vie) –, on peut bien être indulgent.

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Jouer l’improbable attirance des contraires, ne pas reculer devant le cliché pour mieux dynamiter les codes, garder une «vision globale» du joyeux bordel où tout ça conduit et finir par croire, encore une fois, qu’il faut jouir de la vie parce qu’elle n’a aucun sens (Whatever Works de Woody Allen).

Risques pour le couple: mourir de rire ou sauter par la fenêtre; se coltiner la belle-famille. Risque cinématographique: se faire entendre dire par les ‘‘pro’’ comme par les ‘‘anti’’ qu’on fait toujours le même film, mais eh! «tant que ça fonctionne»!! (et ça fonctionne fichtrement bien encore, en dépit des défauts du film).

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Facturer l’ultramoderne solitude, tarifer la simulation d’intimité en sus de la passe, faire du corps et du cœur des produits comme les autres, se cuirasser en vue du passage des crises financière et existentielle (The Girlfriend Experience de Steven Soderbergh).

Risque pour le couple: le même que pour l’humanité autour, la marchandisation des rapports humains est pour tout le monde. Risque cinématographique: surcompenser par une totale gratuité des tics du cinéma indépendant-intello-pseudo-avant-gardiste qui plombent le film plus qu’ils ne rendent à son auteur sa crédibilité.

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Passé le temps de l’orage des passions, accepter la révélation par des éclaircies inattendues d’autres territoires, marqués par le poids du passé individuel et peut-être de l’Histoire collective. Une vie entière peut n’être pas de trop (The Reader de Stephen Daldry).

Risque pour le couple: pour l’un des deux au moins, passer son existence à tenter de comprendre. Risque cinématographique: restreint au minimum, d’aucuns diront que c’est peut-être là le problème, mais le classicisme formel choisi par le réalisateur s’accorde bien, au final, avec une certaine pudeur bienvenue pour le sujet.