13.9.09

Au revoir Willy

Le photographe Willy Ronis s’est éteint hier soir. D’autres, professionnels de la nécrologie, ou plus immergés dans le monde argentique, exposent et exposeront ailleurs, mieux que je ne saurais le faire, son parcours, des manifs ouvrières des années 30 aux nues auxquelles il consacra ses dernières années, en passant par les ruelles inlassables explorées d’un Paris qui n’était pas encore ‘‘pittoresque’’. Analyseront, peut-être, ces images lumineuses.

Je ne saurais même pas par quel cliché illustrer ce billet. La légèreté de ces jambes féminines enjambant une flaque d’eau près de la place Vendôme? La délicatesse diaphane des adieux du permissionnaire capturés au travers d’un rideau? Cette photographie de syndicaliste haranguant la foule, qu’il disait préférer entre toutes, ou cette autre d’une foule bien différente, se fondant avec celle peinte par David pour le sacre de Napoléon, un dimanche au Louvre où il avait ses habitudes? Paysage bucolique et calme, ou inquiétante étrangeté d’une station de RER à la fin des années 70? Frénésie de New York, ou Provence des joueurs de pétanque? Ou le charme indicible du dos nu de Deena, visage tourné vers on ne sait quel ailleurs – cet ailleurs vers lequel vogue, peut-être, aussi, la péniche aux enfants?...

Finalement, je me contenterai de dire que c’est en découvrant son œuvre, via une sélection regroupée pour Reporters sans frontières, il y a une huitaine d’années, que j’ai vraiment, je crois, découvert que la photographie était aussi un art.

Willy Ronis a fermé les yeux. Son regard nous reste.