23.6.08

Vivre fatigue

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Ce samedi, c’était le mariage de mon cousin. Qui s’est prolongé, comme il se doit, en soirée, très agréable. Qui s’est prolongée le lendemain en lunch familial. Qui a été immédiatement suivi, mais pour Sophie et moi seulement cette fois, d’un après-midi à l’Opéra Bastille. Je vous reparle du dernier point plus en détails très prochainement, il faut juste que je trouve le temps de me réveiller...

14.6.08

Vous ne regarderez plus les arbres comme avant

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Dans le désert cinématographique des sorties en salles de ces derniers mois, l’annonce du retour de M. Night Shyamalan est promesse de luxuriante oasis. Et tant pis si Phénomènes (The Happening en v.o.) n’est pas forcément son film le plus réussi, ne s’éloignant guère des grands chemins du genre qu’il aborde, car il offre déjà là – et largement – de quoi (se) contenter.

Soit la soudaine dissémination d’une mystérieuse toxine, poussant massivement les gens à des actions suicidaires, d’abord dans Central Park à New York, puis dans la plupart des grandes villes de la côte Est des Etats-Unis. Soit un professeur de sciences naturelles, Elliot (Mark Wahlberg), qui fuit Philadelphie en compagnie de sa femme Alma (Zooey Deschanel), de son meilleur ami Julian (John Leguizamo) et de la très jeune fille de celui-ci, Jess (Ashlyn Sanchez). Soit la révélation que les ‘‘attaques’’ touchent des communautés de taille de plus en plus réduites et n’ont probablement aucun rapport avec un quelconque acte de terrorisme... mais qu’il vaut probablement mieux se méfier des arbres et du vent...

Avec The Happening, Shyamalan renoue avec sa manière très personnelle de retravailler le cinéma de genre, en l’occurrence les séries B d’épouvante d’il y a maintenant quelques décennies, capables de distiller, tout à la fois, une atmosphère ‘‘efficace’’ sans recourir à tout un arsenal d’effets spéciaux numériques plus ou moins tape-à-l’œil, et un discours sous-jacent de plus grande envergure, auquel ne saurait renoncer le cinéaste qui avoue en interview qu’il réalise des films pour «mettre [s]a foi à l’épreuve» (celle-ci résisterait-elle si ce phénomène se produisait?...).

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S’il se permet très épisodiquement de flirter avec le registre parodique («Je parle à une plante verte en plastique... Faut qu’j’arrête...»!), Shyamalan aborde donc majoritairement le genre avec tout le sérieux qui convient et qu’on lui connaît. Peu importe dès lors que sa mise en scène ne soit pas aussi rigoureuse que dans ses meilleures productions passées, que certaines séquences tiennent un peu trop visiblement de l’exercice de style (indéniablement efficace cependant), ou même que Mark Wahlberg soit aussi convaincant en prof de sciences nat’ que moi en haltérophile ukrainienne, le réalisateur parvient assez admirablement à créer le climat souhaité, le tout rien qu’en filmant des ondulations de végétation pendant une heure et demi, ou quasiment: rarement une ‘‘vague’’ créée sur l’herbe par le vent aura provoqué une telle montée d’adrénaline! Car si Shyamalan se permet pour l’occasion – dans les séquences de suicides – quelques inserts un peu gores, c’est encore dans le hors-champ et le non-dit qu’il exerce le plus sûrement son art (ah, ce revolver inlassablement ramassé au sol le long d’une avenue...); et de ce point de vue, The Happening réalise le fantasme ultime d’une certaine tradition de cinéma fantastique: un film où le ‘‘méchant’’, quoiqu’omniprésent, demeure jusqu’à la fin rigoureusement invisible.

Mais avec son argument ‘‘écologique’’ (la riposte de Dame Nature à l’agression humaine, pour schématiser à la serpe), c’est surtout au Jour d’après (The Day After Tomorrow) du regrettable Roland Emmerich que The Happening prenait le risque d’être comparé. Shyamalan évite heureusement l’enchaînement de deux écueils sur lequel s’était naufragé le film de 2004, c’est-à-dire le passage d’une catastrophe touchant la planète entière à une bonne vieille intrigue de western (version enneigée), les enjeux géopolitiques globaux se trouvant, à peine esquissés, passés à la trappe au profit d’une très traditionnelle histoire de père partant héroïquement sauver son fils contre vents et marées.

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L’enjeu chez Shyamalan reste localisé à – et donc concentré dans – une ‘‘zone contaminée’’ dont il convient de sortir ou au sein de laquelle il s’agit de survivre (même si l’existence d’autres zones du même type est évoquée), ce qui n’est pas sans rappeler quelques classiques du genre dont se réclame justement, en l’espèce, le réalisateur – tels, par exemple, L’invasion des profanateurs de sépultures (Invasion of the Body Snatchers, 1956) de Don Siegel ou La nuit des morts-vivants (Night of the Living Dead, 1968) de George Romero (qui, comme on le sait, visera plus large dans la suite de sa saga, mais ceci est une autre histoire). Dans cet espace ‘‘concentré’’, c’est pour ainsi dire tout naturellement que Shyamalan conjugue resserrement des acteurs – jusqu’à la certes très classique cellule familiale (rien de bien nouveau de ce côté-là) – et universalisation du propos. Et cela de façon d’autant plus convaincante que The Happening creuse dans le sillon du questionnement sur la notion de communauté déjà entamé par le réalisateur dans ses deux derniers films en date, Le village (The Village) et La jeune fille de l’eau (Lady in the Water).

Une fois admis, en effet, le principe scénaristique selon lequel les ‘‘attaques’’ visent des groupes humains de plus en plus réduits, ladite communauté – véritable sujet du film, la trame ‘‘écolo-horrifique’’ n’en étant guère que le prétexte – se voit ainsi forcée à une progressive mais irréversible réduction, jusqu’à l’atomisation – idée qui se traduit, en termes de mise en scène, par un jeu sur les espaces (légèrement claustrophobique vers la fin...), mais aussi sur les différentes possibilités de comportement dans ce type de situation de crise, du repli paranoïaque de ces paysans qui se conçoivent en assiégés, et abattent à la chevrotine des gamins qui leur réclament à manger, à ce couple qui traverse une clairière pour se retrouver au risque de la mort. Là encore, Shyamalan ne donne guère l’impression, cette fois-ci, de sortir de sentiers déjà maintes fois parcourus, mais s’y promène du moins avec une certaine maestria. Et confirme une fois de plus, fut-ce dans le cadre d’un film mineur dans sa filmographie, son inscription comme l’un des plus brillants et intéressants représentants actuels de cette grande tradition américaine de travail sur le cinéma de genre, transcendant les limites de celui-ci par l’art de la mise en scène et la portée du discours véhiculé.

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5.6.08

Bon ben, pour l’agrégation...

...la bonne nouvelle c’est... que le programme de l’an prochain est vachement bien. Un de mes romans préférés (Sous le soleil de Satan de Bernanos), peut-être une des deux meilleures pièces du répertoire romantique (Ruy Blas de Hugo, ici couplé avec Hernani), une de mes œuvres préférées de Voltaire (le Dictionnaire philosophique), un de mes poètes préférés du XVIIe siècle (Théophile de Viau, d’accord le choix n’est pas immense!)... De Bonaventure des Périers, pour le XVIe, ils auraient peut-être pu nous donner le Cymbalum Mundi plutôt que les Nouvelles récréations et joyeux devis, mais enfin, on verra bien ce que ça donne. Et pour la littérature médiévale, je n’ai jamais lu Adam de la Halle, mais ça m’a toujours eu l’air assez sympathique. En littérature comparée, outre le programme sur le misanthrope au théâtre qui est reconduit, celui sur la (prétendue) ‘‘Naissance du roman moderne’’ se voit remplacé par quelque chose de bien plus gérable, portant sur les représentations de la femme dans le roman naturaliste, avec Nana de Zola – pas lu, mais c’est pas forcément le roman de Zola qui me faisait le moins envie –, Tess d’Urberville de Hardy – que je vais enfin lire, du coup, après les débats auquel il avait donné lieu du côté de chez l’Homme sans Qualité –, et Effi Briest de Fontane. Et puis, dans quelques mois, si tout va bien, j’emménagerai auprès de ma latiniste préférée...

Par contre, pour cette année, est-il besoin de le dire, ben oui, c’est encore loupé. Je n’y croyais pas vraiment, même si je n’avais pas, non plus, renoncé à tout espoir. Message officiel: pas de pronostic; certaines épreuves se sont mieux passées que l’an dernier (dissertation de littérature comparée, grammaire, version anglaise), d’autres moins (latin: naufrage en vue), niveau stationnaire en ancien français... Réponse officielle cet après-midi: vous n’êtes pas admissible.

La surprise, la vraie, je l’ai eu quand j’ai regardé mes notes, et que je me suis rendu compte que ce sont mes deux notes catastrophiques en dissertation, 6 en française et 6,5 en comparée, des notes basses comme je n’en ai jamais eu dans ces matières, qui me plombent, alors que mes notes dans les matières techniques – ma faiblesse habituelle – sont, elles, toutes au-dessus! La palme de la plus forte progression revient à la grammaire: dix points en un an! Je n’ai jamais compris comment j’avais pu avoir une note aussi basse que 2 l’an dernier, mais tout de même... Quant au latin, un comble: j’ai une meilleure note que l’an dernier (8,5) alors que, même en le lisant ensuite en traduction, je n’ai rien compris au sens du texte! J’ai un peu l’impression de marcher sur la tête...

En attendant une hypothétique compréhension des évènements, je vais me concentrer sur le Capes. Et l’an prochain, si tout se passe bien, je pourrai profiter d’un report de stage d’un an pour repasser une troisième fois cette satanée agrégation – avec un programme moins ‘‘problématique’’ pour moi, et donc peut-être enfin la capacité d’une réunion de niveau entre dissertations et matières techniques… – tout en commençant, enfin, à travailler sur ma thèse. Hauts les cœurs.