18.10.05

Here comes the rain again

AVERTISSEMENT : Ce post allait être tellement long (même selon mes critères) que j’ai dû le retravailler pour qu’il soit plus bref ! Vous n’imaginez pas à quoi vous avez échappé...


Dans les dernières lignes de son post précédent, l’auteur s’interrogeait sans avoir l’air d’y toucher sur la possibilité de tenir un blog quand tout semble aller bien dans sa vie : une fille merveilleuse qu’il aime et qui l’aime, des séminaires de master-2 qui jusque là avaient l’air plutôt intéressants, la disparition (au moins pour ce qui le concernait) des problèmes administratifs à l’horizon, bref, même s’il y a déjà tellement de blogs de dépressifs et d’ados en crise qu’il faut bien équilibrer un peu la Toile, tant de bonheur et de bons sentiments étalés sur des lignes et des lignes risquaient de devenir franchement irritants. Heureusement, on peut toujours compter sur de bonnes âmes pour venir au secours d’un blog à la dérive.

Merci donc à la connasse, propriétaire d’une Fiat Punto blanche et d’un sens civique digne d’un coucou, qui s’est garée mardi à l’Arc de Meyran sur le seul passage disponible, de façon à bloquer plus d’une dizaine de voitures (dont la mienne) pendant plusieurs heures. – Et avant que vous ne vous mettiez à crier au machisme éhonté et aux clichés de la misogynie ordinaire, je signale que j’ai commencé par supposer que c’était un mec, mais qu’après vérification en détail du véhicule la grosse peluche d’éléphant rose pâle sur le tableau de bord m’a conduit à réviser ce jugement. Et non, a contrario ce n’est pas parce que c’est une fille que je me suis retenu de lui exploser la vitre arrière, de lui péter le rétroviseur côté conducteur, et de graver des symboles kabbaliques et cabalistiques divers avec ma clé sur toute sa carrosserie, ça c’est simplement parce que je suis lâche.

Merci à mon ex d’avoir eu la délicate attention, quand nous nous sommes rendu les affaires que nous nous étions prêtés durant notre relation (livres, CDs, etc.), de me rendre en même temps un cadeau que je lui avais fait. C’est un beau geste, qui me laisse dans l’agréable alternative, soit de conserver pieusement les reliques de ma relation défunte, soit de me charger du sale boulot de le détruire moi-même. J’apprécie. Avoir tourné la page n’impliquait pas pour moi de renier la sincérité de ce que j’avais vécu... mais cette vision des choses ne doit pas être partagée par tout le monde, apparemment.

Et enfin quand les humains se comportent de façon correcte, cela ne veut pas dire que je sois à l’abri d’un incident, du genre : séminaire de XVIIIe, je retire mes lunettes de mon nez, et je me retrouve soudain avec deux morceaux de lunettes dans les mains... Et comme je suis quelqu’un de pas doué, j’ai bien fait attention à conserver la branche cassée pendant tout le séminaire... pour ensuite la perdre lors d’un déplacement de quelques minutes à peine entre deux salles. « Si jamais vous la retrouvez, prévenez-nous ! » m’a dit l’opticien le soir. Aucun problème, il suffit de chercher un peu... entre le bâtiment de la fac de lettres, 2e étage, couloir C, et les préfabriqués en face de la bibliothèque universitaire – bref un tout petit petit petit espace parcouru à chaque minute par quelques milliers d’étudiants... Car comme en plus d’être pas doué j’ai pas de bol, la référence de la branche manquante se trouvait, justement, ben sur la branche manquante. Du coup il a fallu que l’opticien envoie mes lunettes à son fournisseur afin que celui-ci puisse lui renvoyer avec la bonne branche remplacée... Mais quand ? là est toute la question.

Changement d’histoire, sinon de décor. Mercredi je suis allé à la Division de l’Etudiant pour récupérer une feuille de notes nécessaire à ma demande de bourse sur critères étudiants. Je ne m’étendrai pas sur les menues péripéties de la démarche car la personne en face de moi s’est montrée très gentille... incompétente certes... mais très gentille (comme dans : « Vous savez Thérèse, je n’aime pas dire du mal des gens, mais effectivement... elle est gentille ! » :D). Au bout d’un certain temps j’ai donc pu obtenir la fameuse feuille de notes, avec même une bonne surprise à la clé, la moyenne qui était indiquée dessus était supérieure de quelques dixièmes au résultat de mes propres calculs, et la dame en question m’a même affirmé (ça vaut ce que ça vaut, venant d’elle, mais bon...) que quand le jury se réunirait il pourrait même m’octroyer encore les quelques dixièmes supplémentaires qui me séparent de la mention supérieure. Muni de ce précieux document et de quelques autres – photocopie de ma carte d’étudiant de l’année passée, lettre de recommandation de Mme R***, ma directrice de recherche de master-1, qui me l’avait donnée dans une enveloppe fermée que je n’avais pas oser ouvrir –, j’ai pu aller vendredi matin déposer ma demande de bourse. Et je n’étais pas le seul ! Tout le couloir du bureau 10 était rempli de condisciples faisant la queue leurs dossiers à la main. Je me suis placé au bout de la file, une autre fille est arrivée, s’est placée derrière moi, et là on a vu débarquer une secrétaire : « Qui est arrivée en dernier ?? » – la fille : « Moi. » – la secrétaire : « Bon alors vous dites à tous ceux qui arriveraient après vous que pour ce matin ça va pas être possible hein, on peut pas tous vous faire passer avant midi, dites-leur de revenir cet après-midi, ou même lundi ce serait mieux !!! ». Okayyyy, il est dix heures et quart, ça commence bien. Mais ça commençait seulement ! :D

J’entends discuter les personnes devant moi et émerge de la conversation l’absolue nécessité d’avoir dans son dossier un coup de tampon de l’UFR que, moi non plus, je n’ai pas. A partir de là c’est la course car s’approche l’heure fatidique de la fermeture du secrétariat (je parle de ses horaires de fermeture "normale", ou du moins présentée comme telle). On m’avait dit que la secrétaire était de retour, désinformation ! Je me retrouve face à une jeune femme à l’accent brésilien et à peine moins paumée que les étudiants à qui elle essaye de répondre, tandis que – encore plus surprenant ! – c’est le directeur de l’UFR en personne qui est assis derrière le bureau de la secrétaire et tente de régler des problèmes sur l’ordinateur, tout en expliquant à son interlocuteur au téléphone qu’en général il essaye de rester plutôt zen mais qu’actuellement la seule chose qui le retienne de déposer sa démission c’est qu’il a la flemme de ranger son bureau pour son successeur... Hélas la remplaçante brésilienne m’apprends que j’a commis l’erreur fatale : la signature réclamée en-dessous des informations me concernant n’était pas la mienne, mais celle de ma prof. Catastrophe ! Elle ne peut pas prendre la responsabilité de me tamponner une feuille que j’ai signée sans avoir la preuve que la prof l’aurait bien signée, elle. Je me résous à ouvrir la lettre de recommandation de ma prof, mais rien n’y fait, elle peut pas, elle sait pas, et elle reste plantée là, les lois ne font plus les hommes mais quelques hommes font la loi, oups pardon ça c’est du Balavoine.... Au bout de quelques minutes le directeur de l’UFR se rend compte que la foule de ceux qui n’ont pu trouver de réponse auprès de la pseudo-secrétaire-remplaçante et qui patiente devant lui grossit et lâche ce qu’il est en train de faire pour s’occuper de nous. Je tends ma feuille en expliquant mon déplorable cas, je suis désolé mais j’ai fait une erreur, j’ai cru que c’était à moi de signer ici – il récupère ma feuille, vérifie d’un coup d’œil l’entête et la signature de la lettre de recommandation, barre ma signature, inscrit « vu et contresigné », signe, un coup de tampon de l’UFR, et me rend ma feuille. Temps de l’opération : quinze secondes. Merciiiiiii !

Puisque la lettre de recommandation était désormais ouverte, je n’avais plus de raison de ne pas la lire... et euh... en fait j’avoue l’avoir carrément photocopiée, parce que c’est quand même pas tous les jours qu’on a l’occasion de lire une pleine page à sa propre louange ! :D
– Et comme je suis un être mégalomane et prétentieux je ne résiste pas à l’envie de vous en communiquer une partie du contenu ! – J’apprends ainsi que je « compte parmi les étudiants les plus studieux, cultivés et appliqués dont [elle ait] eu la responsabilité » en licence puis en maîtrise, que ma « finesse d’esprit », mon « ingéniosité » et ma « capacité de travail sont évidentes à la lecture de [mes] travaux écrits », que mon « patrimoine culturel » (quézaco ?) est « riche et varié », que mon « sujet difficile » (merci de le reconnaître...) « a révélé une perspective d’approche originale et une solide maîtrise de [ma] culture littéraire en général » ; il est également question de mes « aptitudes didactiques » et j’en passe... (Si vous entendez depuis quelques instants un son répétitif FLATTE FLATTE FLATTE FLATTE, pas de panique, ça ne vient pas de votre ordinateur mais de moi.)

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Première réaction de mon père quand je l’ai lue à mes parents : « Tu l’as payée combien ? ».
Première réaction de Sophie : « Tu lui as fait QUOI exactement à ta prof ? » (question suivie d’une deuxième : « Et pourquoi elle met des robes à fleurs quand elle vient te voir ?? » :D).
Première réaction d’Hervé : « Avoue, tu l’as chopée dans les rayonnages de la B.S. en train de faire des trucs avec un autre prof ! »

Bon à mon avis c’est surtout le sentiment de culpabilité de n’avoir « pas été très présente » qui a dû pas mal jouer !


...Ah, oui, avec tout ça j’allais presque oublier. J’ai donc pu déposer ma demande de bourse. On m’a annoncé que j’aurais une réponse d’ici... fin novembre.