27.9.06

Et Yahvé mit un signe sur Caïn (Gn, 4:15)

Dernières nouvelles de ma chère université : ça fait des années que je le dis, cette fac est très bien, si l’on fait abstraction du décor ‘‘Sarajavo après bombardements’’ (qui a dit «pendant»?) et des délires de l’administration. Mais bon là côté délires de l’administration, ça va fort.

Dans n’importe quelle université française normale, des agrégatifs ça se chouchoute. À Aix, ça s’expulse. Pensez, il doit y en avoir trop qui réussissent le concours, ça donne une mauvaise image!

Je ne sais pas si ça s’applique à tous les agrégatifs ou seulement à ceux de Lettres modernes, mais visiblement on ne veut pas de nous. L’administration a purement et ‘‘simplement’’ décidé de délocaliser les cours sur l’IUFM. Sauf qu’à Aix, l’IUFM n’est pas franchement à côté des facs, mais quasiment à l’autre bout de la ville (à l’autre bout du centre-ville en fait, sauf que les facs ne sont pas non plus à côté du centre-ville). Indépendamment du fait que, pour quelqu’un qui n’habite pas déjà sur place, approcher de l’IUFM en voiture relève de l’exploit vu que c’est encore plus difficile de trouver une place par là-bas qu’aux abords des universités (et qu’en plus le choix dans le quartier c’est parking payant ou stationnement payant en surface… ah quoique le parking devant le Palais de Justice est gratuit à partir de 19h) – indépendamment du fait que ce n’est pratique ni pour les profs, ni pour les élèves, surtout s’il faut passer à la B.U. ou à la B.S. à la sortie d’un cours… – indépendamment de tout ça, là où ça devient carrément gaguesque, c’est quand on apprend que la seule salle que l’IUFM puisse mettre à notre disposition est une salle de… maternelle.

Avec de très jolis bureaux paraît-il, très gais, rouges, bleus, jaunes. Taille… maternelle. Mais c’est promis, d’ici fin octobre, on pourra avoir des bureaux taille adulte. Et même d’ici trois mois des WC taille adulte (de quoi se plaint-on?).

Nos profs essaient bien de lutter, mais quand c’est l’informatique elle-même qui s’en mêle…

Hyperplanning, le logiciel qui gère l’attribution des salles, a planté. Et, comme par hasard (c’est ballot), les cours d’agrégation de Lettres font partie de ceux qui ont été ‘‘effacés’’ par le beugue. Nous n’avons donc plus de salles. Ce matin le cours a été interrompu par l’arrivée d’un autre professeur, Mme G*** (une prof de lettres, c’est ce qui nous a sauvé sans doute), qui devait faire cours dans la salle que nous occupions, et qui a accepté, pour cette semaine, de délocaliser son cours à Perpète-les-Oies (en vrai ça s’appelle les Fenouillères, des préfabriqués à un quart d’heure de marche de la fac).

Ce qui nous a valu, dans la demi-heure qui a suivi, la répétition une demi-douzaine de fois du dialogue suivant entre notre prof et les étudiants qui arrivaient en retard à l’autre cours:
M. M***: Capes, agreg ?
L’étudiant(e), après avoir bafouillé plus ou moins brièvement: Euh… capes…
M. M ***: F2 !

……mais au moins on a eu nos cours normalement.

Mais pour la semaine prochaine, mystère. Dans le doute, rendez-vous a été donné devant la salle, et après «on avisera». On verra si nos professeurs se seront montrés persuasifs et suffisamment convaincants. Sinon…


Je crois bien qu’on doit être la seule fac de France à considérer que les meilleures conditions pour préparer l’agrégation, c’est avec des équipements d’école maternelle et à trois quarts d’heure de marche de la bibliothèque la plus proche. C’est notre arme secrète à nous ça, notre méthode imparable.