16.11.08

Brèves en vrac

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Ce mercredi à 18h30, Philippe Jaccottet – que j’aurais volontiers cité dans ma petite ‘‘liste’’, voire en tête de celle-ci, dans un récent billet polémique, s’il n’avait été Suisse (mais j’ai découvert cette semaine qu’il s’était ‘‘retiré’’ à Grignan) –, Philippe Jaccottet donc sortait exceptionnellement de son ermitage pour se produire à la Cité du Livre d’Aix-en-Provence où le temps d’une soirée il a lu devant un amphithéâtre plein des passages de deux textes récemment publiés par lui aux éditions La Dogana autour du thème de la peinture. La peinture de sa femme, d’abord (l’exposition des œuvres de celle-ci ayant été le prétexte de cette lecture), dans le texte qu’il lui consacre dans le recueil Arbres, chemins, fleurs et fruits: très beau texte où l’éloge discret de la compagne de cœur et de travail se joint à l’expression d’un véritable art poétique commun, tout en humilité face au monde comme de bien entendu. La lecture d’extraits du Bol du pèlerin consacré à la peinture de Gianni Morandi m’a en revanche moins convaincu, l’aridité de l’œuvre picturale qui sert ici de source d’inspiration déteignant peut-être un peu trop à mon goût sur le texte.

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Le même jour mais quelques heures plus tard, et quelques kilomètres plus loin, le théâtre Comoedia à Aubagne accueillait une représentation de la pièce d’Eugene O’Neill Hughie (1942), avec Claude Aufaure et le ‘‘monstre sacré’’ Laurent Terzieff qui assure également ici la mise en scène. Il y incarne Erie Smith, un flambeur qui passe sa vie entre tables de jeux, champs de courses, et menus services rendus à la pègre dans les plus mauvais jours. Toutes les nuits depuis des années, Erie raconte sa vie, fortement enjolivée, à Hughie, le concierge de l’hôtel de troisième ordre où il loge. Une vie faite de mannes récoltées en abattant les cartes sur le tapis vert, de cuites somptueuses et de «pépées» emballées sur Broadway, qui en met plein la vue – et plein la vie – au «pigeon» Hughie, lequel rêve par procuration une existence loin de la banalité quelque peu étriquée de la sienne propre. Seulement voilà, Hughie est mort. Et Erie s’est endetté plus encore qu’à son habitude pour lui payer une belle couronne mortuaire – car ces deux là étaient finalement l’un pour l’autre les seuls amis qu’ils aient. Mais la chance semble bien avoir, en même temps qu’Hughie, quitté pour de bon le joueur, incapable à présent de se «refaire», et le nouveau gardien de nuit de l’hôtel a l’air moins décidé que son prédécesseur à entretenir les conversations, se contentant de rêver à part lui au jour où toute la ville brûlera en faisant semblant d’écouter ce client qui reste là à parler plutôt que d’aller se coucher. La rencontre de deux solitudes, mélancolique comme un jazz bien tassé et cruelle comme un whisky frelaté, remarquablement servie sur les planches: à voir donc, même si ce n’est pas forcément le meilleur texte d’O’Neill.


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Le temps de monter sur Paris, et voilà que je me prends un quart de siècle dans les gencives. Ça va plutôt, merci, je tiens le coup (pas trop le temps d’y penser surtout!). Pour fêter la chose, ma chérie m’avait prévu un beau programme-surprise (ce à quoi je m’attendais un peu, au moins quant au principe, lui ayant moi-même fait le coup deux mois plus tôt...). Sauf que la représentation des Bavards d’Offenbach, dans un petit théâtre parisien dont je tairais le nom, à laquelle nous nous sommes retrouvés assister, n’a... disons, pas vraiment répondu aux espoirs qu’elle y avait placé. Je ne m’étalerai guère dessus, Sophie s’en voulant suffisamment comme ça (et même plus qu’elle ne devrait). Bornons-nous à rappeler que, cornebouc!!!, ce n’est pas parce que c’est estampillé ‘‘opérette’’ que c’est plus facile à chanter que du ‘‘grand opéra’’ et qu’on peut se lancer dedans sans aucune formation ni aptitude pour le chant lyrique. Mais bon, cela dit, au moins je me souviendrai longtemps de ma soirée d’anniversaire de mes 25 ans, pour le moins originale (et malgré tout plutôt sympathique: cela m’a rappelé mes propres souvenirs de théâtre amateur...). C’est en revanche sans la moindre arrière-pensée négative que je recommande chaudement à ceux qui passeraient du côté de Montmartre le restaurant Le Poulbot, sis dans la rue du même nom. Un peu à l’écart des sentiers les plus touristiquement battus, l’endroit ne paye guère de mine à première vue mais on y sait ce que bien manger veut dire. (Mention spéciale pour le fois gras maison, même si le poulet aux morilles et d’après Sophie les escargots sauce au beurre valent aussi le détour.) – Tous mes remerciements enfin à Hervé et Marie, Katia, Pascal, Valérie et Elise du défunt Journal de l’Homme sans Qualité, sans oublier les membres de la famille passant par là, pour vos messages (textos, cartes de vœux électroniques, messages laissés sur mon ‘‘mur’’ Facebook ou chantés sur mon répondeur... :-D oui oui j’ai bien tout reçu!).


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Pour conclure, je tape suffisamment souvent en ces lieux sur ma chère fac pour m’autoriser à taper aussi sur une autre de temps en temps, surtout quand elle fait exploser en vol tous les records de la pignoufferie universitaire française comme l’a fait hier samedi l’Université Paris-7 Denis Diderot. Me rendant sur place (et c’est pas la porte à côté, par rapport au Quartier Latin) pour assister à une journée d’étude sur les pièces de Victor Hugo au programme de l’agrégation, j’ai eu la surprise de n’y trouver, mis à part deux étudiantes ‘‘locales’’ tout aussi désagréablement surprises que moi, qu’un amphi vide. Aucun mot sur la porte pour expliquer si la chose avait été annulée, reportée, ou simplement changée de salle. Aucune affiche, d’ailleurs, concernant ladite journée où que ce soit dans l’université, y compris dans le couloir de l’UFR de lettres. Aucune information transmise aux appariteurs, gardiens de la fac à peu près vide en ce froid samedi matin, et qui n’en savaient pas plus que ce que leur disait leur ordinateur, c’est-à-dire ce qui était initialement prévu. Bref, une demi-journée de perdue, mais après tout, que peuvent bien avoir des étudiants en concours de plus utile ou de plus agréable à faire, n’est-ce pas? Félicitations, depuis quelques années maintenant que j’assiste régulièrement à des colloques, j’avais constaté un certain nombre de ‘‘dysfonctionnements’’ possibles, mais à ce point-là, c’était encore pour moi du jamais-vu.