1.10.08

À livre ouvert

C’est la rentrée et le retour des emm..., hum, embrouilles administratives sous notre beau soleil... hmmmm, non plus... sous le ciel gris et pluvieux d’Aix-en-Provence. Ceci explique au moins en partie que ce blog ait été plutôt apathique ce mois-ci, toutes mes excuses à mon fidèle lectorat (h... oui bon vous aurez compris le principe). Et sur ces entrefaites, voici le second des questionnaires annoncés.

Quel(s) souvenir(s) avez-vous de votre apprentissage de la lecture? Essentiellement des souvenirs trop intimes, d’une façon ou d’une autre, pour que j’en fasse état ici (ça fait un joli effet de raccord avec la fin du questionnaire précédent, non?). Et une impression de retrouvailles avec une connaissance de longue date chaque fois que je lis ou entends certains passages des souvenirs d’enfance de Marcel Pagnol.

Vos lectures préférées lorsque vous étiez enfant? Là ça dépend de ce qu’on cible comme période... Pas vraiment de souvenir des livres de la petite enfance / prime jeunesse dont semblent si bien garder mémoire plusieurs personnes que je connais ayant répondu à ce questionnaire. Un peu plus tardivement en revanche, je fis une abondante consommation de livres de ‘‘contes et légendes’’ dans différentes collections.

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Aimez-vous la lecture à haute voix? Ce n’est pas quelque chose qui m’attire spontanément, mais depuis quelques temps et auprès d’une certaine personne je m’y suis un petit peu mis. :-)

Votre conte préféré? «La Barbe-Bleue» de Charles Perrault.

La meilleure adaptation d’un roman ou d’une pièce de théâtre? Qu’on parle de cinéma ou d’un autre medium (opéra, etc.), l’important est que l’œuvre finalement obtenue soit une réussite dans sa propre forme d’art. Que celle-ci soit extrêmement fidèle au matériau d’origine ou fondée sur une totale trahison (fût-ce d’un de mes romans préférés), que la source en soit un chef-d’œuvre ou un texte tout à fait anecdotique, importe, dans ces condition, peu voire pas du tout. Parler de «meilleure adaptation» n’a donc pas vraiment de sens pour moi.

Apprenez-vous par cœur certains poèmes, répliques de théâtre, passages de roman? Je suis censé le faire pour les concours... Du coup certaines choses restent en mémoire même une fois l’année écoulée... d’autres non... Pour mon ‘‘usage personnel’’, c’est un exercice que je ne pratique guère, consciemment en tout cas, même s’il y a toujours des bribes plus ou moins importantes de textes qui à force d’être fréquentés restent accrochés à la mémoire.

Avez-vous des livres ou des magazines dans vos toilettes? Ce ne sont pas totalement ‘‘mes toilettes’’ tant que je vis toujours chez papa-maman, et en l’occurrence c’est là que sont entreposés les romans policiers maternels.

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Avez-vous plusieurs lectures en chantier? Combien? Lesquelles? Perpétuellement... Actuellement, pour m’en tenir aux titres les plus récemment ajoutés à la liste (et donc un tout petit peu plus facilement discernables des ‘‘lectures plus ou moins temporairement abandonnées’’), et outre les ouvrages en rapport de près ou de moins près avec le programme d’agrégation: Lettres de Milady Juliette Catlesby de Marie-Jeanne Riccoboni, Enfantines de Valéry Larbaud et Grammaires de la création de George Steiner. Je ne sais pas trop quel statut accorder à la correspondance de Violette Leduc, que je parcours, de loin en loin et petit à petit, depuis plusieurs mois.

Le poète que vous ne cesserez jamais de relire / de vous réciter? Français: Baudelaire. Etranger: Rilke.

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Le livre que vous avez lu le plus rapidement? Le plus lentement? Aucune idée. Il y a de fortes chances que le livre que j’aie lu le plus rapidement soit plutôt court. Maintenant, s’il faut faire des coefficients durée de lecture / taille du livre, on n’est pas sorti. Et comment classe-t-on dans ce système les livres commencés, abandonnés, puis repris à zéro des années plus tard et lus d’une traite, en quelques jours ou heures?...

Préférez-vous les éditions de poche aux originales? Pourquoi? Sans témoigner d’une dogmatique opposition aux autres, les éditions de poche. Parce que c’est moins cher, parce que ça prend moins de place et qu’on peut donc en emmagasiner plus, parce que ça peut se transporter partout plus facilement. (Avant d’acheter un manteau, une veste, un pantalon, j’ai tendance à vérifier que les poches sont suffisamment spacieuses pour y accueillir un livre de poche taille standard.)

Le(s) livre(s) que vous ne rangez jamais dans votre bibliothèque et qui traîne(nt) toujours? Mouahahah. Hum. Bon. Disons qu’à l’heure actuelle il doit y avoir dans les 1500 livres environ, plus des BD, des CD, des DVD, et bien sûr des meubles, dans ma chambre de 9 m². Dans ces conditions, le fait que l’un d’eux ne soit pas parfaitement rangé sur une étagère n’est pas forcément très significatif en soi. :-S

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Ceci dit, du rangement massif a été fait ces dernières semaines, et il y a un service d’ordre qui veille, maintenant...

Quel est votre rapport physique à la lecture? Debout? Assis? Couché? Plutôt étendu d’une façon ou d’une autre quand je suis chez moi (allongé, couché, façon banquet romain, etc.), assis partout ailleurs, debout s’il n’y a pas d’autre choix. À l’occasion, en marchant. Jamais essayé: la tête en bas en position du lotus (enfin je ne crois pas me souvenir...).

Vos lectures sont-elles commentées crayon en main? Non. J’ai été élevé dans la religion du livre. On n’écrit pas sur un bouquin. C’est mal. Les livres se dégradent suffisamment comme ça tout seul. – Ah, oui, accessoirement: c’est, en revanche, un peu handicapant pour l’agrégation.

Offrez-vous des livres? À certaines personnes seulement.

La plus belle dédicace, que ce soit de l’auteur ou de la personne qui vous l’offrit? Pas de souvenir.

Quel est votre rapport sensuel au livre? (Odeur, texture, etc.) J’aime bien le contact matériel avec le livre, le feuilleter, ce qui est pour moi une des raisons de la supériorité des librairies sur les sites de vente en ligne. J’aime bien aussi l’odeur de certains vieux livres (ça ‘‘compense’’ un peu leur état...).

Quels sont les auteurs dont vous avez lu les œuvres intégrales? Je peux me tromper, mais a priori, aucun à ce jour.

Un livre qui vous a particulièrement fait rire? Il y aurait sans doute d’autres titres à citer, mais là tout de suite je pense à la ‘‘trilogie en cinq volumes’’ du Guide du Routard Galactique (H2G2 pour les intimes) de Douglas Adams... peut-être parce que je me suis mis il y a peu à le relire par-dessus l’épaule de Sophie à qui je l’ai offert en anglais... :-D

Un livre qui vous a particulièrement ému? Au cours de l’année écoulée, Magnus de Sylvie Germain (2005) et Ronde de nuit (The Night Watch, 2006) de Sarah Waters dont j’ai déjà parlé ici et . Tout dernièrement, ce week-end en fait, Des fleurs pour Algernon (Flowers for Algernon, 1966) de Daniel Keyes, dont je parlerai – peut-être – prochainement.

Le livre qui vous a terrifié? Je ne sais pas si ça rentre vraiment dans la catégorie, mais, il y a quelques mois, Délicieuses pourritures (Beasts, 2002) de Joyce Carol Oates m’a paru être un des livres les plus malsains qu’il m’ait été donné de lire, au point de me faire sentir physiquement mal à l’aise...

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L’avertissement / l’introduction qui vous a le plus marqué? La préface de Mademoiselle de Maupin de Théophile Gautier :-) Et pour ce qui est de véritable introduction, les premières pages de Si par une nuit d’hiver un voyageur (Se una notte d’inverno un viaggiatore, 1979) d’Italo Calvino.

Le titre le plus marquant, original, décalé, astucieux? Quand on vous a répété pendant des années que de toute façon le meilleur titre de la littérature du monde c’était Germinal, parce que c’était court et que ça contenait tout, il est parfois difficile de s’en remettre (sauf à se dire que quand on écrira soi-même un livre, on choisira en guise de titre un alexandrin au sens le plus apparemment éloigné possible du contenu). – Je n’ai toujours pas lu Germinal. Peut-être cette année...

Décrivez votre bibliothèque. Cf. question sur les «livres qui traînent toujours».

Les livres dont vous vous êtes finalement débarrassé? On ne se débarrasse pas d’un livre. C’est mal.

L’endroit le plus insolite où vous lisez? Il n’y a pas d’endroit insolite pour lire, la lecture est une activité tout-terrain.

Il ne vous reste que trois jours à vivre: que souhaitez-vous lire ou relire? Relire: La Chartreuse de Parme de Stendhal, pour garder en bouche le goût du bonheur. Quelques passages de la Bible. Et peut-être les Elégies de Duino de Rilke.

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Votre livre d’art préféré? Pas vraiment de préférence dans ce domaine.

La bibliothèque idéale? Tous les livres intéressants ou potentiellement intéressants présents à portée de main. Certains strictement classés selon un système (chronologique, par exemple) ou un autre, d’autres assemblés au gré des associations d’idées... Oui, bon, en bref, ma bibliothèque avec beaucoup plus de titres et beaucoup, beaucoup, beaucoup plus d’espace pour les entreposer...

L’incipit qui vous a le plus marqué? «J’aimais éperdument la comtesse de ***; j’avais vingt ans, et j’étais ingénu; elle me trompa; je me fâchai; elle me quitta. J’étais ingénu, je la regrettai; j’avais vingt ans, elle me pardonna; et comme j’avais vingt ans, que j’étais ingénu, toujours trompé, mais plus quitté, je me croyais l’amant le mieux aimé, partant le plus heureux des hommes.» (Dominique Vivant-Denon, Point de lendemain, version de 1812, déjà évoqué en ces lieux)

La clausule qui vous a le plus marqué?
«– Tout cela est fort bien, grogna-t-il; mais ce siècle se fiche absolument du Christ en gloire; il contamine le surnaturel et vomit l’au delà. Alors, comment espérer en l’avenir, comment s’imaginer qu’ils seront propres, les gosses issus des fétides bourgeois de ce sale temps? élevés de la sorte, je me demande ce qu’ils feront dans la vie, ceux-là?
– Ils feront, comme leurs pères, comme leurs mères, répondit Durtal; ils s’empliront les tripes et ils se vidangeront l’âme par le bas-ventre!
» (Joris-Karl Huysmans, Là-Bas, 1891)