26.12.07

C’est l’intention qui compte... non?
– Considération inactuelle –

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À titre de postlude à mon petit énervement sur le texte de Corneille «légèrement modifié» donné à des lycéens, voici un petit texte tiré d’un entretien avec le metteur en scène Declan Donnellan dans le Journal de la Comédie de Reims et repris dans le livret remis aux spectateurs (dont moi) à l’entrée du Théâtre de la Criée à Marseille où se jouait la semaine dernière sa mise en scène d’Andromaque de Racine. Donnellan ayant été, en 1980, le premier à monter une pièce de Racine en Angleterre, et ayant depuis mis en scène dans leur langue d’origine Le Cid de Corneille et donc, Andromaque, il s’est vu (logiquement somme toute) poser la question de ce qui l’intéressait dans le répertoire «classique français», et voici sa réponse:

«Dans ma jeunesse, j’étudiais le français comme deuxième langue au lycée, et j’ai eu la chance qu’un professeur formidable me fasse découvrir votre Théâtre classique. J’avais 16 ans à l’époque et je me souviens avoir eu le sentiment de comprendre déjà le décalage que ce théâtre offrait entre la forme et le contenu, cet équilibre entre l’ordre et le chaos. C’est peut-être pourquoi Racine est un des plus grands artistes de l’époque (avec Corneille bien sûr) parce que chez lui, la perfection des alexandrins est en lutte permanente et mortelle avec le chaos intérieur des personnages. Comme je le répète chaque fois aux acteurs: ‘‘Il y a des tigres derrière chaque phrase’’.»


... Une bien belle déclaration – dont j’aurais simplement aimé qu’elle soit un peu plus suivie d’effets sur les planches durant les interminables deux heures quinze qui suivirent d’une représentation creuse et lénifiante, parfois même aberrante, que ne suffisaient pas à racheter deux bonnes idées dans les dernières scènes.

Peut-être qu’on ne peut pas tout avoir. Peut-être que j’en demande trop.