26.5.06

Les Tribulations d’un Etudiant en..... euh...
– Une épopée minuscule –


Voici le récit circonstancié d’une de ces petites aventures dont on pourrait dire qu’elle font le sel d’une vie d’étudiant en lettres, et qu’à ce titre il serait dommage de mettre sous le boisseau.

Mi-mars (eh oui, le début de tout cela remonte loin!), je découvre sur le site fabula la sortie en format "poche" (ou approchant) d’une thèse sur le thème de la religion chez Zola:

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Cette nouvelle éveille chez moi un intérêt certain, car si je reste sur le projet de thèse que je nourris depuis un certain temps maintenant, c’est un thème que je serais, entre autres, amené à traiter. Donc autant profiter de ce qu’une étude a priori sérieuse sur la chose est disponible à un prix relativement abordable (16€ quand même, mais après tout autant profiter de l’allocation de recherche que j’ai réussi à décrocher).

Une rapide recherche sur différents sites Internet de vente m’apprend alors deux choses:

– d’une part, que cette édition «quasi-"poche"» est la réédition d’une version «pas "poche" du tout» chez le même éditeur qui coûte, elle, dans les 100 euros (je n’ai jamais bien compris la politique éditoriale de Droz et Honoré Champion.... je suppose qu’ils préfèrent tabler sur l’achat de leurs livres par les Bibliothèques Universitaires et pas par les étudiants... car personnellement je ne connais aucun étudiant qui peut se payer, surtout de façon plus ou moins régulière, des livres à plus de 100€ pièce, et ce même si le sujet l’intéresse ou qu’il en a besoin pour ses études);

– d’autre part, que le livre (dans sa version "semi-poche" en tout cas) est marqué "Définitivement indisponible" sur TOUS les sites de ventes par Internet; ce qui ne laisse pas de m’étonner étant donné que le livre est paru moins de deux semaines auparavant!

Je n’ai jamais fait d’étude d’économie ou de commerce, mais un livre définitivement épuisé moins de deux semaines après sa parution, ce n’est pas banal. On peut bien sûr imaginer que tous les exemplaires mis sur le marché soient partis comme des petits pains (m’enfin je vous rappelle tout de même qu’on parle d’une thèse sur la religion dans les romans de Zola!!), mais même si cela était le cas, la politique éditoriale de n’importe quel éditeur logique, même pour des zozos comme les gars de chez Champion (voir plus haut), serait, du moins me le semble-t-il, de sauter sur l’occasion et d’en sortir une deuxième fournée des presses.

Dans un tel cas, les sites de vente indiqueraient le livre comme provisoirement manquant, ou en cours de renouvellement... Mais non, là ils sont tous unanimes: le livre est indisponible DEFINITIVEMENT. Ah.

Comme je suis du genre opiniâtre, je décide d’aller me renseigner dans une librairie (type universitaire) en me disant qu’ils en sauront peut-être un peu plus. C’est ce que je fais pendant les vacances de Pâques, profitant d’un passage à Aix pour me rendre dans l’une des plus grandes librairies de la ville. Le libraire regarde alors sur Electre, la base de données en ligne réservée aux libraires, et là surprise (enfin presque...), le site indique, lui aussi, le livre comme "Définitivement indisponible". Le libraire ne comprend pas non plus, mais comme nous sommes en fin d’après-midi / début de soirée, il me conseille de revenir un autre jour un peu plus tôt, histoire qu’il puisse téléphoner chez l’éditeur pour avoir un peu plus d’informations.

Plusieurs semaines après – nous sommes donc fin avril –, je reviens à Aix et j’en profite à nouveau pour retourner dans ladite librairie, j’expose mon cas à une autre vendeuse, qui regarde sur son catalogue interne.....

...et m’annonce qu’ils ont le livre en rayon!!

Sauf que je ne l’ai vu nulle part. Elle cherche elle aussi. Ne trouve pas. Me dit que si je peux repasser dans dix minutes / un quart d’heure, sa collègue, qui a dû ranger le livre à un endroit inconnu d’elle (elle: celle à qui je parle, pas la collègue, sinon on ne s’en sort pas...), pourra mieux me renseigner. Je pars faire un tour à l’étage parmi les livres de poche, redescend au bout d’une dizaine de minutes, croise par hasard – en train de partir – ma vendeuse de tout à l’heure, qui me dit que sa collègue est arrivée mais qu’apparemment le livre est manquant.

Je descend, me présente à la nouvelle vendeuse (ré-explication de mon cas...), qui m’explique que d’après leur base de données, ils ont le livre, sauf qu’ils ne l’ont pas, ce qui semblerait indiquer qu’ils se le sont fait chourer.

(Nota Bene: à ce stade de l’aventure, notre héros commence à se demander s’il n’est pas maudit ou marqué d’un signe façon Caïn...)

Cependant, rien n’est perdu, il me reste encore une alternative avant de refiler la quête de ce fichu bouquin à un ami arborant chapeau, fouet et veste en cuir (vous savez celui qui a déjà retrouvé l’Arche d’Alliance et le Graal). En effet, mon accorte interlocutrice me dit que si je veux, je peux en commander un autre exemplaire. Si si, il est disponible!

Comme je suis du genre tenace, je commande, tout heureux que ma quête touche enfin à son terme.

Eh eh...

Vous y avez cru? :-D

Une semaine passe, et alors que je m’apprête à retourner à Aix pour bosser à la B.U. – et au passage récupérer mon fameux livre sur Zola qui a dû arriver en librairie –, je reçois un coup de téléphone. – Et la série noire continue!

On m’annonce donc (ou pour être plus précis on annonce à mon auguste génitrice, qui a pris la communication au téléphone avant moi) qu’ils ne peuvent obtenir le livre... Explication: il y a en fait un problème dans la conception du livre... ce qui explique qu’il n’ait pas été mis sur le marché.

L’imprimeur qui a fait la boulette et qui doit donc, je le suppose, tout réimprimer doit être content. L’éditeur aussi. Quant à l’auteur, j’ose même pas imaginer. Tout cela ne nous dit pas pourquoi un livre qui, d’après ce que je déduis de ladite conversation téléphonique, n’est JAMAIS SORTI, est marqué un peu partout comme DEFINITIVEMENT INDISPONIBLE, ce qui n’est pas franchement la même chose... Mais il est des mystères qui nous dépassent, et dont on ne peut même pas prétendre être les organisateurs. Je me dis simplement que tout cela confirme la vanité de ma Quête de ce fichu bouquin, et qu’avec un peu de chance si un jour ils décident de le réimprimer je retenterai ma chance, mais que ça va prendre du temps.

Fin de l’aventure? Vous vous doutez bien que je n’écrirai pas ce post fin mai si tout cela s’était terminé il y a plusieurs semaines (je sais que j’ai parfois du retard dans mes rédactions, mais tout de même). Donc, ULTIME REBONDISSEMENT !

Me voici donc à Paris, et je fais un saut comme chaque fois chez un grand libraire d’occasion que je ne nommerai pas car ce sont des escrocs mais qui est bien pratique quand même. Et là, qu’est-ce que je vois?? Un exemplaire de La religion de Zola de Sophie Guermès, dans la fameuse édition "semi-poche", et qui plus est... d’occasion!!

Première surprise, il y a donc bien eu quelques exemplaires qui ont circulé. Mais au courant que ces exemplaires sont censés être fautifs, je feuillette consciencieusement le bouquin à la recherche d’éventuels problèmes, genre 20 pages qui manquent en plein milieu ou des pages dédoublées... Rien.

Après avoir longuement examiné la Chose, et n’y trouvant absolument rien d’anormal, je décide, malgré ma perplexité, de trancher le nœud gordien et j’embarque le bouquin.

Et en fait.... j’ai enfin trouvé quel était ce fameux problème!

C’est la page de titre intérieure !!

MDR

L’imprimeur s’est planté et au lieu de reprendre le titre du livre, le nom de l’auteur, l’année de parution, etc. ... ils ont mis à la place la page de titre d’un autre ouvrage paru chez le même éditeur dans le même type de collection..... l’édition bilingue d’un texte médiéval (Le Bel Inconnu de Renaud de Beaujeu), édition parue il y a deux ou trois ans !! :D

Donc voilà. Après deux mois et demi de recherche, j’ai enfin obtenu le bouquin que je cherchais. C’est un bouquin dont je peux me vanter (tant qu’il n’est pas "réédité" en tout cas) d’être un des rares à le posséder. La page de titre est complètement décalée mais c’est a priori le seul défaut. Et je l’ai payé pour les deux tiers du prix de vente normal.

Y a quand même de chouettes surprises de temps en temps, dans la chienne de vie d’un étudiant.



Post-scriptum: À l’heure où j’écris ce post je suis retourné sur lesdits sites de vente par Internet (pour récupérer l’image en haut…). Je signale qu’à présent qu’alapage met en vente le livre normalement, alors qu’amazon ne le propose que sur commande, tout en précisant qu’«il se peut que cet article soit supprimé ou momentanément indisponible chez l'éditeur.» Comme disait Jean Moulin, va comprendre, Charles.