20.4.08

Cul-turellement vôtre

Juste pour le plaisir (pervers, je le concède) du contraste avec le billet précédent...

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En débarquant à Paris cette semaine, j’ai découvert sur les murs du métro la dernière campagne des Galeries Lafayette, réalisée – ou alors j’ai rien compris, mais ça m’étonnerait – à l’occasion de l’ouverture, ou de la réouverture, ou du réaménagement je m’en f... un peu, d’un rayon mode masculine. On y voit Frédéric Beigbeder poser torse nu, en train de lire tenir dans ses mains l’essai de Jean Baudrillard La société de consommation (1970). Je ne sais pas si cette publicité va attirer les foules aux Galeries Lafayette, ni si elle sera l’occasion pour quelques usagers du métro intrigués de découvrir la pensée de Baudrillard, toujours est-il que ce qui frappe surtout à la vue de cette affiche, c’est son caractère éminemment beigbédesque.

Tant mieux si cela fait décoller, un tant soit peu, les ventes de Baudrillard – ce ne serait pas forcément un mal! – ou celles du modèle – pour ma part je me suis arrêté, le concernant, à la lecture de 99 francs (2000) et à sa tentative, que j’ai jugé relativement peu convaincante, de jouer les Bret Easton Ellis à la française. Mais à force de vouloir jouer sur tous les tableaux – la contestation du système mercantilo-médiatique et son utilisation forcenée pour rester résolument hype –, l’image du publicitaire / écrivain / animateur télé / jet-setter / trublion tend à se résoudre en pure superficialité, donnant de plus en plus l’impression d’utiliser un coefficient sympathie indéniable pour camoufler une encombrante vacuité. Pirate du système publicitaire, Beigbeder, comme toujours, fait avant tout de la réclame pour lui-même, utilisant son image pour vendre... son image.


P.S.: ah oui, avec tout ce remue-ménage autour de la mort de Césaire, j’ai l’impression – autant que je puisse en juger étant donné mon accès restreint aux médias depuis l’appartement parisien de ma compagne – que les vingt ans de l’étonnante disparition de Desproges sont un peu passés à la trappe. Il nous manque, le bougre. Je vous avoue qu’il m’arrive régulièrement de rêver à la comparution d’un certain nombre de ‘‘personnalités’’ contemporaines devant le Tribunal des Flagrants Délires. Pour un exemple parmi d’autres, vous aurez compris qu’il suffit de suivre mon regard.