15.4.07

J-1

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Début des épreuves écrites d’agrégation de Lettres modernes demain matin.

Un peu plus de 1300 inscrits.

114 places disponibles au terme de la course.

Originellement, j’avais pensé illustrer ce post d’une photo de mon avant-bras avec une étiquette «Ouvrez ici» (retirée d’un paquet de sucre) posée sur les veines, mais je n’ai pas réussi à prendre une photo convenable. Tant pis, ça aurait bien illustré mon état d’esprit.

Au menu du week-end: stress (écrasant), fatigue, et, malgré cette dernière, dernières révisions sur les œuvres ayant – selon de savants calculs de probabilités – le plus de chance de tomber demain en dissertation, à savoir Cleveland de Prévost, les poèmes de Saint-John Perse, et l’Itinéraire de Paris à Jérusalem de Chateaubriand… Bon, en fait, surtout sur l’Itinéraire, parce que des trois œuvres en question, c’est très nettement celle que je maîtrise le moins bien.

Mon objectif n’a pas varié depuis septembre: capitaliser un max sur les deux dissertations (de littérature française et de littérature comparée), qui sont en quelque sorte mes “matières fortes” et se trouvent aussi – ça tombe bien – être celles dotées (et de loin) du plus gros coefficient, et sauver les meubles dans les matières techniques – le tout afin de décrocher l’admissibilité, suite à quoi je pourrais bosser comme un malade pour rattraper les points manquants pour franchir (peut-être) victorieusement le deuxième tir de barrage, les oraux de cet été.

Si tout se passe bien («si tout se passe bien» j’ai dit, hein!), je devrais décrocher une note moyenne en version anglaise, ainsi qu’en grammaire – étant entendu: premièrement, que si je sais plutôt bien me servir de la grammaire française, l’analyser avec des mots techniques a toujours été une autre paire de manches pour moi (c’est un peu comme la différence entre conduire une voiture et être garagiste); et deuxièmement, que je trouve assez absurde la dictature des dernières-théories-grammaticales-à-la-mode-chez-les-linguistes qui caractérise ladite épreuve, alors que ces théories ne sont vraisemblablement pas celles que les futurs profs que nous sommes censés être apprendront à leurs élèves (ils n’y comprendraient rien) et qu’elles correspondent encore moins à ce que les auteurs des textes que nous analysons connaissaient.

La palme couronnant le moment où la seule preuve de l’appartenance d’une proposition à telle ou telle catégorie syntaxique réside dans le fait qu’elle soit précédée d’une virgule, alors que jusqu’au XVIIIe siècle, et même au-delà pour certains auteurs, la ponctuation interne n’avait pas en français une fonction syntaxique mais purement rythmique (d’où par ailleurs le fait qu’elle soit fréquemment retouchée dans les éditions grand public).

Bref tout ça pour dire que je n’espère pas décrocher une note mirobolante, mais que je garde malgré tout l’espoir de ne pas totalement foirer cette épreuve, et tant pis si pour les ultimes révisions mon vieux Bled de l’école primaire aura plus servi que la G.M.F. (Grammaire méthodique du français) de Riegel/Pellat/Rioul, bible des néo-grammairiens, quoique déjà remise en cause par les plus novateurs.

Reste l’écueil principal, du genre naufrageur: en latin et en ancien français, j’ai l’impression d’être à peu près aussi nul, ou guère moins, que depuis septembre. En gros la principale différence entre avant et maintenant, c’est qu’à présent je devrais, je serais censé savoir ce que je ne sais toujours pas... La faute n’en incombe pas à nos professeurs en ces deux matières, qui se sont dépensés sans compter, l’un d’eux allant jusqu’à nous faire six heures de cours chaque semaine au lieu des deux heures bihebdomadaires pour lesquelles il était payé (et après on accusera les profs de ne rien foutre...). Mais tout cela ne fut pas d’une grande efficacité sur moi, j’en ai peur.

Et le fait que, conscient que mon retard dans ces matières ne me permettrait jamais d’atteindre des résultats éblouissants en neuf mois de temps de préparation, je les aie, disons, “un peu” laissées de côté pour me concentrer sur le reste, n’est pas fait pour arranger les choses, et surtout pas mon stress de veille de concours.

Autant dire qu’il vaudrait mieux pour moi que la dissertation tombe sur une œuvre que je maîtrise mieux que les autres, et pas l’inverse (donc pas sur Marot, heureusement loin d’être placé au hit-parade des probabilités pour tout un tas de raisons; pas sur Molière, sur lequel il n’y a pas grand-chose à dire en dissertation, et ça ne sont hélas pas les cours de cette année qui nous auront fait changer d’avis là-dessus; de préférence pas sur Chateaubriand non plus... oui, oui, je sais, je fais le difficile). Un plantage à cette épreuve ruinerait à coup quasi certain ma possibilité de décrocher l’agrégation, voire même l’admissibilité, cette année.

En résumé: si le sujet de dissertation pouvait tomber sur Cleveland de Prévost, ça m’arrangerait, merci.