Sur la plage abandonnée...
(on fait parfois d’étranges découvertes)
Capturer, collectionner les insectes qui vivent sur les dunes, l’homme n’avait pas d’autre intention. [...] Ce à quoi visent les maniaques de ce genre, ce n’est pas, en effet, à orner de brillante manière leur boîte de spécimens; pas d’avantage ne cherchent-ils à classer pour classer; et moins encore, il va sans dire, à trouver tels éléments susceptibles d’entrer dans la composition des remèdes de la médecine chinoise. Non. À chercher des insectes, il y a, en vrai, plaisir plus ingénu et plus direct: et cela s’appelle l’ambition d’être celui qui a découvert une espèce. Que le hasard accorde seulement à l’entomologiste de rencontrer ne fût-ce qu’un seul insecte jusque-là inconnu: alors, à la suite d’un interminable nom scientifique latin, écrit en italiques, son nom à lui prend place dans le Grand répertoire illustré de l’Univers des Insectes; et, pour une semi-éternité, l’un et l’autre noms demeureront là unis, là conservés. Tel est l’espoir du chercheur d’insectes.
Extrait de La Femme des sables (Suna no onna, 1964) d’Abé Kôbô, traduction de Georges Bonneau.
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