1.8.05

Cœur brisé Inc. (fuyez, pauvres fous !)

J’avais espéré parler sur ce blog, non seulement de mon humble existence, mais aussi de trucs un peu plus vastes comme de littérature, de musique, de photographie... Désolé les gens ça ne sera pas pour cette fois, je vais encore vous parler de ma pomme. Et en plus sur le ton larmoyant du vrai blogger ado en crise, avec (le nombre de personnes connaissant cette adresse étant heureusement limité pour l’instant) la plus totale impudeur. Wesh wesh. Et pardon d’avance.

Résumé de la situation : cet été est le pire de toute mon existence.

1) Je n’ai pas de travail et plus un sou en poche, ou peu s’en faut. J’ai beau savoir que mon patron est un connard (reconnu comme tel dans la profession d’ailleurs), que parmi les clients il y a aussi une proportion non négligeable de cons et même d’escrocs (si si), que parmi les employés il y a à égale proportion a/ des sympas, b/ des antipathiques, c/ de dangereux irresponsables, que même nos fournisseurs sont schtarbes (on a quand même le seul que je connaisse qui pour l’achat de fourniture de bureau t’offre un paquet de chipsters !), que je ne supporte plus l’ambiance et que de toute façon j’ai décidé de trouver un autre job à la rentrée, là tout de suite, j’ai besoin de friiiiiiiiiiiiiiic !

2) Il faut que je termine mon mémoire. Le sujet (la mise en scène de la réflexion sur l’écriture chez La Fontaine) a enthousiasmé ma directrice de recherche (qui l’a trouvé « très beau ») mais et est à peu près complètement vide. J’ai compris pourquoi personne n’avait jamais rien publié dessus : parce qu’il n’y a rien à dire. Je suis sans nouvelle de ma prof depuis les vacances de Pâques, époque à laquelle je lui ai soumis mon plan. J’ai plusieurs semaines de retard (dues entre autres à des problèmes informatiques : virus, quand tu nous tiens...). Objectif : lire toute la documentation que j’ai ramené de la B.U. et plier les vingt-cinq pages de mémoire qu’il me manque en moins de dix jours, c’est-à-dire avant mon départ pour les JMJ, car même si elle ne s’est pas montrée très présente, je peux difficilement, de mon côté, contacter ma prof à mon retour, c’est-à-dire une semaine avant septembre, pour lui dire que j’ai fini (sachant qu’il faut que je le soutienne avant le 15/09 pour avoir mon année).

3) Mes parents veulent absolument faire cet été des travaux dans ma chambre. Ce qui implique d’en déménager intégralement le contenu qui sera stocké au garde-meuble pendant un mois (soit quelques tonnes de bouquins, plus les CDs, les cassettes, les DVDs, les meubles...). J’ai réussi, en arguant du caractère overbooké de mon emploi du temps qui n’a pas besoin de ça (cf. paragraphe précédent), à les repousser en septembre. Affaire à suivre.

4) Le pire pour la fin. Ce sans quoi tout le reste aurait pu être acceptable. Dimanche soir j’avais rendez-vous avec Claire. Dans la nuit de samedi je reçois un texto où elle me dit que finalement nous ne dormirons pas ensemble mais qu’« on parlera ». Le lendemain j’essaye de la joindre, plusieurs fois, en vain, je laisse un message sur son répondeur, elle me renvoie un autre texto. Il faut qu’on parle. Phrase qui, aussi bizarre que cela puisse paraître, n’est jamais annonciatrice de bonnes nouvelles dans les couples. Je rappelle, elle me répond : « pas au téléphone ». Je passe quatre heures d’angoisse à imaginer les pires scénarios, à me demander quel problème a bien pu surgir pendant les vingt-quatre heures qui séparaient notre précédente conversation tout à fait normale et son premier texto, problème suffisamment grave pour que non seulement notre soirée soit annulée mais qu’elle ne puisse pas en parler au téléphone. Qu’ai-je fait de monstrueux sans m’en rendre compte ? Que lui est-elle arrivé ? Je vais au rendez-vous. J’arrive et fait face à une Claire en sanglots. Qui m’annonce qu’elle veut rompre. Qu’elle y a réfléchi depuis deux jours, qu’elle n’a jamais cessé d’éprouver de l’estime, de la complicité, de l’affection pour moi, mais plus d’amour. Que ce n’est la faute de personne. Qu’on a vécu des moments formidables mais qu’elle ne nous voie pas ensemble.





Je ne veux pas me métamorphoser en ex envahissant, voire agressif, comme j’ai vu trop de copines en subir (Boudchou, si tu nous lis...). Mais je ne peux pas accepter ça non plus. Je refuse. Ne pas la harceler, mais s’accrocher quand même. Je veux croire qu’il ne s’agit que d’une crise, passagère, comme en connaissent beaucoup de couples, que tout peu encore s’arranger. En presque un an de relation, nous n’en avons jamais connu. Une petite tension qui a duré dix minutes, deux moments de lassitude. C’est tout. Il y a un mois on a pris un abonnement d’un an au théâtre, ensemble. Il y a deux semaines elle me vantait les qualités de notre couple par rapport à d’autres. Il y a une semaine elle a mis mon numéro de téléphone en appel illimité sur son portable. Nous devions bientôt être connectés par internet, partir une semaine en Corse en septembre, préparer l’agrégation ensemble. On ne fait pas ça, on ne projette pas de faire ça quand on est sur le point de rompre ! C’est juste un moment de déprime, mais si je la laisse s’y enfoncer elle peut tout détruire. Tout.

Et moi je nous voie ensemble. Dans plusieurs années, dans un appartement, avec une grande bibliothèque, un chat, et toujours la même complicité et la même tendresse malgré les années et les copies d’élèves à corriger. C’est peut-être très con mais c’est comme ça. Sentimentalement, intellectuellement, sexuellement, je ne m’imagine qu’avec elle. Même si la raison me dicte que si nous rompons il y en aura d’autres, que la vie continue, qu’il y a des tas de filles (enfin des tas... bon, disons plusieurs filles) intéressantes, sympas, intelligentes, désirables et célibataires autour de moi. C’est avec ELLE que je veux être. Et je ferais tout pour que ça dure. Pour la convaincre qu’elle se trompe. On ne commande pas les sentiments, mais on peut leur permettre ou leur interdire de s’exprimer.

J’ai obtenu qu’elle ne m’ignore pas quand je l’appellerais, demain, le temps de laisser un peu les choses se reposer, de laisser passer le choc (tu parles...). Je lui ai écrit une lettre (longue, très longue, trop longue, vous me connaissez) où je suis plus sincère que je ne l’ai jamais été avec aucune fille, avec aucun être humain d’ailleurs. Où j’essaye maladroitement de toucher sa raison et son cœur. Je ne sais pas quand ni comment je la lui remettrai, si je dois lui lire ou la lui laisser. Le mieux (le moins pire) qu’elle m’ait proposé pour l’instant est de rompre tout contact pendant plusieurs mois et de faire le point ensuite. Pas d’accord. Si on fait ça, je le sais, ce sera fini pour de bon. Il n’y a qu’à la télé que les couples se reforment après avoir "pris du recul" pendant aussi longtemps. Si vous soufflez sur des braises, même tièdes, même presque éteintes, vous pouvez rallumer la flamme ; si vous soufflez sur des cendres, vous ne ferez que les éparpiller au vent. Mais la perspective de partir deux semaines au JMJ, de quitter le pays au moment où elle cherche à me faire sortir de sa vie, me terrifie. Je ne sais pas quoi faire. En plus, je n’ai pas le temps de le faire.

Je dois partir dans moins de dix jours. Et j’ai un mémoire à boucler. Je vais le faire parce que je n’ai pas le choix ; parce que je ne vais pas, EN PLUS, planter mon année. Mais si vous saviez comme je m’en fous de ce mémoire...