30.8.08

Portrait chinois cinéphilique

Comme en cette fin de mois d’août où pourtant je ne suis pas censé avoir des kilotonnes de choses à faire, je n’arrive pour l’instant pas (mais ça viendra rassurez-vous) à trouver le temps ni la motivation pour achever de rédiger ma chronique de The Dark Knight ni le prochain numéro du Bocal à Bulles (qui sera un numéro double, depuis le temps que je devais le sortir...), ni même la présentation du ménage qui aura lieu prochainement du côté des liens ci-à-côté, je vais faire dans la solution de facilité (hum... enfin je crois) en récupérant pour mon propre compte deux questionnaires qui ont traîné tout l’été sur tout un tas de blogs – l’un cinéphilique, l’autre littéraire. Au premier de ces messieurs aujourd’hui, sur le mode du «Si j’étais... je serais...», formulation qui peut s’entendre aussi bien par correspondance présente que par réincarnation idéale, et finalement se résoudre à quelque chose de l’ordre du «et s’il n’en restait qu’un...» sans être tout à fait ça pour autant. Bref, j’ai essayé de ménager à peu près la chèvre, le chou et le petit lapin dans les réponses, tout en m’astreignant autant que possible à un unique choix à chaque fois, ce qui a souvent été loin d’être simple. Le questionnaire littéraire fournira l’occasion d’un prochain billet!


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Un film: 2001, l’odyssée de l’espace (2001: A Space Odyssey, 1968) de Kubrick, ou la quête d’un sens éternellement recommençable.

Un réalisateur: sans être forcément pour moi «le» plus grand réalisateur de tous les temps (quoique bien placé dans la liste), Alfred Hitchcock, pour sa capacité à jouer de tous les registres du septième art simultanément.

Une histoire d’amour: Joan Webster (Wendy Hiller) et Torquil McNeil (Roger Livesey) dans Je sais où je vais (I Know Where I’m Going!, 1945) de Michael Powell et Emeric Pressburger.

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Un sourire: le sourire mauvais de l’«esprit» clôturant Avalon de Mamoru Oshii (2001), comme un sceau sur l’incapacité, désormais, de faire la différence entre réel et virtuel.

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Un regard: le dernier regard de Michel Blanc sur Sandrine Bonnaire dans Monsieur Hire de Patrice Leconte (1989): un regard en caméra subjective, qu’on ne voit pas et dans lequel on peut projeter le sentiment que l’on veut: amour, déception, rancœur, absolution, désir?...

Un acteur: français: Patrick Dewaere; étranger: Bill Murray.

Une actrice: française: Juliette Binoche; étrangère: Scarlett Johansson. Ben quoi, on peut rêver.

Un début: l’arrivée des navires anglais sur le fleuve, avec l’utilisation du Prélude du Rheingold de Wagner (tout est déjà là!), dans Le Nouveau Monde de Terrence Malick (The New World, 2006).



Une fin: les dernières scènes de La dernière tentation du Christ (The Last Temptation of Christ, 1988) de Martin Scorsese.

Un générique: celui de Des oiseaux petits et gros (Uccellacci e uccellini, 1966) de Pier Paolo Pasolini. Toujours pas eu l’occasion de voir la suite du film, en revanche...



Une scène clé: la danse de Mia Kirshner (sur Everybody knows de Leonard Cohen) dans Exotica d’Atom Egoyan. Même si, ou peut-être en partie justement parce que, l’on ne comprend qu’à la fin du film pourquoi c’est une scène-clé.



Une révélation: la séquence finale d’Usual Suspects de Bryan Singer (1995): «Talk to me, Verbal...» – et tant pis si tout ce qui précède est très moyen et que tout ne tient que pour et par ces trois minutes-là. Je ne vous mets pas la vidéo, je vais encore me faire accuser d’avoir dévoilé la fin à quelqu’un qui ne la connaissait pas sinon.

Un gag: probablement issu de Sacré Graal (Monty Python and the Holy Grail, 1975) de Terry Jones et Terry Gilliam. Autre possibilité: Buffet froid de Bertrand Blier (1979), un gag génial d’une heure et demi qui me rend hilare, sauf quand ma copine est à côté de moi et me regarde d’un air inquiet.

Un fou rire: souvenir d’un qui manqua véritablement m’étouffer devant une énième rediffusion télé de La chèvre de Francis Veber (1981) – mais j’y prends toujours autant de plaisir, fut-il un peu coupable, forcément un peu coupable...

Une mort: peut-être (mais, j’espère, pas) celle de Michael Corleone / Al Pacino à la fin du troisième et dernier volet du Parrain de Francis Ford Coppola (The Godfather part. III, 1997), s’effondrant sans que nul ne soit là pour s’en soucier, dans la solitude qu’il aura progressivement créé autour de lui sa vie durant (accessoirement l’antithèse de la mort de son père dans le premier volet).



À choisir, plutôt celle de Peter Carter / David Niven au début d’Une question de vie ou de mort (A Matter of Life and Death, 1946) de Powell et Pressburger: allez, c’est une erreur, on efface ça et on recommence autre chose!

Une rencontre d’acteurs: Jodie Foster (Clarice Sterling) et Anhony Hopkins (Hannibal Lecter) au parloir dans Le silence des agneaux (The Silence of the Lambs, 1990) de Jonathan Demme. Question subsidiaire: lequel des deux est le monstre?

Un baiser: Naomi Watts et Laura Elena Harring dans Mulholland drive de David Lynch (2001): «I’m in love with you...».

Une scène d’amour: le court-métrage muet, variation amoureuse sur L’homme qui rétrécit, inséré dans Parle avec elle (Hable con ella, 2002) de Pedro Almodovar.

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Un plan séquence: débarquement des immigrants; enrôlement dans l’armée contre nationalité américaine; remontée (en uniforme) dans un bateau, d’où l’on descend des cercueils; le tout en un seul long mouvement fluide de caméra, dans Gangs of New York de Martin Scorsese (2002).

Un plan tout court: Asia Argento plongeant littéralement dans La chute d’Icare de Bruegel au milieu de la Galerie des Offices dans Le syndrome de Stendhal (Li Sindrome de Stendhal, 1996) de son pervers papa Dario.

Un choc plastique en couleurs: 2001 l’odyssée de l’espace (2001, A Space Odyssey) de Kubrick projeté en salle. Il est clair que Kubrick a pensé son film pour ces conditions de vision-là. Du coup c’est une parodie de vous mettre ça au format Youtube, mais imaginez que j’étais seul face à l’écran dans la salle de cinéma de mon village lorsque soudain (et ce n’était que le début)...



Un choc plastique en noir et blanc: catégorie dans laquelle il a, bizarrement, peut-être été le plus difficile de se restreindre à un seul choix, mais le plus important est sans doute la scène de la descente de la rivière dans La nuit du chasseur (The Night of the Hunter, 1955) de Charles Laughton, aperçue au départ du coin de l’œil un après-midi de mon jeune âge (à l’époque on passait ce genre de film l’après-midi, rendez-vous compte ma bonne dame!) et qui s’est immédiatement gravée dans mon esprit pour ne plus le quitter, même si je n’ai revu le film que des années plus tard. (Même remarque que précédemment concernant la qualité de l’image youtubée.)



Un choc tout court: Punishment Park de Peter Watkins (1971).

Un artiste surestimé: Paul Thomas Anderson s’étant rattrapé avec There Will Be Blood, je dirais Steven Soderbergh (j’ai adoré Traffic, mais le reste de sa filmographie vaut-il vraiment le même enthousiasme??).

Un traumatisme: je crois bien qu’une image lors de la scène d’opération chirurgicale de Volte/Face (Face/Off, 1997) de John Woo, séquence diffusée dans une émission de Canal+ à l’époque de sa sortie, est à l’origine de ma plus puissante phobie (ma chérie saura laquelle...); mais je n’ai jamais retrouvée cette image depuis lors de mes différentes visions du film dans son entier.

Un gâchis: Terry Gilliam. Coup sur coup, l’échec du projet Good Omens, le naufrage du tournage de L’homme qui tua Don Quichotte, les absolument catastrophiques Frères Grimm et la grosse déception de Tideland: la mort artistique semble consommée de celui qui est probablement responsable d’avoir planté en moi la toute première graine de la cinéphilie, à une époque où j’ignorais tout du concept de ‘‘grand réalisateur’’, avec ses Aventures du baron de Münchausen (The Adventures of Baron Münchhausen, 1989). Puisse son prochain projet me détromper, mais j’ai du mal à garder l’espoir...

Une découverte récente: Fritz Lang. Oui, c’est presque aussi tardif que majeur comme découverte, mais c’est comme ça!

Une bande-son: le Trio avec piano n°2 de Schubert rythmant l’approche de Barry (Ryan O’Neal) et de Lady Lyndon (Marisa Beranson) dans Barry Lyndon de Stanley Kubrick (1975).

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Un somnifère: In the Mood for Love de Wong Kar-Wai (2000).

Un monstre: la Bête dans La Belle et la Bête de Jean Cocteau (1945).

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Un torrent de larmes: la ‘‘fausse’’ (?) mort et le ‘‘vrai’’ enterrement d’Edward Bloom (Albert Finney) dans Big Fish de Tim Burton (2003). – Parmi les quelques autres choix possibles, je songe aussi à d’autres larmes devant un autre film mais qui n’étaient pas les miennes. Que leur propriétaire sache toutefois que j’en chéris toujours la mémoire.

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Un frisson: probablement venu de l’époque où M6 diffusait régulièrement en seconde partie de soirée des ‘‘classiques modernes’’ de l’épouvante. Peut-être issu de Phenomena (1985) de Dario Argento ou de L’antre de la folie (In the Mouth of Madness, 1994) de John Carpenter?...

Un artiste sous-estimé: Jean-Claude Brisseau. Et ça ne s’arrange pas depuis que ses tribulations judiciaires masquent encore un peu plus son œuvre, y compris auprès d’anciens thuriféraires.

Un rêve: la Red Room dans Twin Peaks: Fire Walk With Me de David Lynch (1992).

Un fantasme: j’ai aussi la réponse, mais celle-là je me la garde pour moi :-)

22.8.08

III

Ter repetita
, et caetera… :-)

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Retrouvez prochainement nos héros dans une nouvelle et non moins palpitante aventure intitulée: «la vie à deux»!

20.8.08

Grandeur et misère à La Roque d’Anthéron

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Si le Festival de La Roque d’Anthéron s’enorgueillit de présenter chaque année les plus grands et célèbres pianistes mondiaux, une part, moins médiatique peut-être, mais, quant à ses enjeux, non négligeable de son activité consiste également à mettre en valeur de jeunes talents. Las, on hésitera à parler de mise en valeur concernant le sort réservé à Judith Jáuregui ce dimanche après-midi: est-ce parce qu’elle n’attirait pas assez les foules sur son nom, ou ‘‘seulement’’ à cause d’un problème d’organisation interne (qu’on imagine pourtant pas improvisée à la dernière minute!) que sa prestation, initialement programmée dans le cadre du Théâtre Forbin, dans le parc du château de Florans, s’est vue délocalisée dans la salle des fêtes du village? Si les spectateurs – qu’accessoirement on n’avait pas songé, à l’ère du téléphone et d’Internet, à ‘‘avertir’’ autrement que par la mention du nouveau lieu du concert sur le billet: pratique quand on vient chercher ses billets sur place... –, si les spectateurs, disais-je, pouvaient éventuellement se dire qu’ils avaient gagné en confort des sièges une part au moins de ce qu’ils avaient perdu côté beauté du cadre, c’est surtout en confort d’écoute que la perte s’est avérée sévère, et pour le public, et pour l’artiste, tant il est vrai – on s’en serait douté! – que l’acoustique de ladite salle n’a jamais été conçue pour servir d’écrin à un concert de piano.

Tout au long d’un concert réunissant la Sonate en mi mineur de Grieg, les Scènes d’enfants de Mompou et enfin les Six moments musicaux de Rachmaninov, la jeune pianiste ibère a fait preuve d’un beau tempérament qui l’annonce comme l’une des potentielles ‘‘grandes’’ des années à venir. On en regrettera d’autant plus les quelques défauts (de jeunesse, dira-t-on) qui ternissent encore son interprétation, en particulier un jeu exagérément sec, voire parfois heurté – défauts hélas d’autant plus audibles que ce sont eux que les particularités acoustiques de la salle amplifiaient malencontreusement. Question d’affinités avec le répertoire ou adaptation progressive aux conditions du concert, ils se sont fait d’ailleurs de moins en moins entendre au fur et à mesure de l’avancée du concert. On attend donc de reprendre des nouvelles de Judith Jáuregui dans quelques temps, lorsque son jeu aura encore un peu mûri... et qu’elle pourra bénéficier de conditions d’interprétation un peu plus digne de ses potentialités.

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Frank Braley n’a, lui, pas eu à s’inquiéter d’un même traitement. À deux reprises, lundi et mardi en fin d’après-midi, il s’est produit en compagnie du chœur d’hommes du Collegium Vocale Gent, placé sous la direction de Christoph Siebert, dans la nef de l’abbaye de Silvacane pour un programme intégralement consacré à Schubert. Ce pianiste atypique à bien des égards possède toujours, outre ses remarquables qualités techniques, cet enthousiasme communicatif, cette capacité d’engagement dans son interprétation que j’avais, pour ma part, découvert l’an dernier lors du concert de clôture où il s’était produit en compagnie des frères Capuçon, et qui rendent en concert les minutes qu’il passe devant son clavier proprement magiques, donnant l’impression au spectateur d’être emporté dans un autre univers. Une véritable capacité d’enchantement qui devrait me faire continuer longtemps à rechercher ses prestations... On ne regrettera donc qu’une chose à l’issue de ce concert, la brièveté de ces moments magiques, Braley n’ayant interprété en solo que trois pièces (les Impromptus n°1 et 3 et le Klavierstück n°2), et n’ayant accompagné le Collegium Vocale Gent que pour une minorité des autres œuvres données en concert ce jour-là – concert lui-même plutôt court dans son ensemble.

Hasard du choix du spectateur, qui ne saurait rendre compte de l’intégralité de la programmation d’un festival? Certes, sans doute. Mais entre une jeune pianiste que l’on relègue dans une salle des fêtes villageoise, et un concert de moins d’une heure, dont peut-être vingt minutes de piano, dont les places étaient vendues au prix le plus fort, mes passages à La Roque d’Anthéron m’auront tout de même laissé une drôle d’impression cette année...

14.8.08

L’important c’est de participer...
au soutien psychologique

À Aubagne, on aime bien Alain Bernard :-)

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Et encore, ça c’était avant qu’il décroche une médaille d’or...

5.8.08

Baigneuse

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Pour se baigner, dégainant son corps de sa robe,
un excès de pudeur couleur de rose orna ses joues.

Elle s’offrit à l’air, nue et sans repentir,
elle-même zéphyr plus ténu que le vent,

et sa paume limpide rejoignit le cristal
de l’eau versée sur elle par les lèvres du vase.

Ayant fait couler l’onde et s’étant essuyée,

elle allait promptement remettre ses habits

lorsqu’elle vit près d’elle un homme qui guettait.
Voile noir des cheveux emprisonnant le jour,

son aube disparut sous un manteau de nuit,
et la sueur perla sur la mer cristalline.


Ibn al-Mou’tazz, «Limpidité», IXe s., traduction de René R. Khawam. Photographie de Jeanloup Sieff, Naissance d’Eve 1, Lanzarote 1996.