28.4.07

Rions un peu en attendant la dictature

Avant que la Censure ne s'abatte sur nous... :-D



Bon allez, promis, bientôt le retour de posts avec du vrai texte dedans.

24.4.07

Prénom Carmen

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Une petite note de fraîcheur après le post précédent. :-)

Pour ceux qui se poseraient la question, oui elle bouffe du bambou!

(Photo prise dans la cour de chez Emmanuelle, à qui appartient également la bestiole.)

22.4.07

Le jour d’après

Bon, alors, voilà, les épreuves écrites sont finies. La joie de la Libération se mêle avec la fatigue accumulée au cours de la semaine qui m’est brusquement tombée dessus en une seule fois au sortir du préfabriqué pourri de la salle du rectorat à Aix après la dernière.

Pour ce qui est du bilan et pour ceux que ça intéresse (tant pis pour les autres), on va dire que ça s’est plutôt bien passé. Je vous la fais courte, mais les dissertations ont correspondu à mes prévisions (Perse en littérature française et Rabelais/Cervantès/Sterne en littérature comparée) et j’espère m’en être plutôt pas trop mal tiré. Quant aux matières techniques, même si je ne m’attends pas à des notes miraculeuses – à l’exception peut-être de la version anglaise (d’une simplicité effarante par rapport à ce que notre prof nous a fait travailler pendant l’année, je ne sais pas si je dois le haïr ou le remercier) –, un certain nombre d’éléments ont joué qui font que je m’en suis sorti mieux que ce que je pouvais redouter (rassurez-vous tout de même: l’ordre du monde est sauf, j’ai enchaîné les contresens dans ma version latine… même si j’aurais sans doute pu faire encore nettement pire sur un autre auteur que Virgile qui est, pour une raison tout à fait inconnue, l’un des auteurs que je maîtrise le moins mal).

Maintenant, alea jacta est, comme disait le croupier du Caesar’s Palace. On verra début juin si je fais bien d’espérer en l’admissibilité.

Quoiqu’il en soit, j’ai eu la bonne idée (oui je pense que c’était une bonne idée et je m’en autocongratule éhontément) de proposer aux trois amies avec lesquelles nous avons formé un groupe de travail pendant cette année – Audrey, Emmanuelle et Amandine – de passer la soirée ensemble, histoire de fêter la fin de nos épreuves (à tous les sens du terme). Après un apéritif chez Emmanuelle, nous avons poursuivi les ‘‘festivités’’ dans un restaurant vietnamien d’Aix. Sophie était également de la partie, et, bien que je n’avais pas pensé à cela en organisant la chose, sa présence fut je le pense salutaire car elle fut l’occasion de parler de tout un tas de choses sauf de l’agrégation, sans quoi je pense que nous aurions ruminé le sujet pendant encore quelques temps.

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Bon, tous ces évènements brièvement relatés, puis-je décemment publier un post en cette soirée post-électorale sans toucher un mot des évènements politiques récents? Je sais que je n’ai pas trop l’habitude de parler de politique, mais enfin, une fois n’est pas coutume… donc voilà, moi aussi je vais m’arroger le droit de donner mon avis sur la chose.

Je me contenterais de dire que je me réjouis du faible score de Le Pen, encore inférieur à mes prévisions – qui déjà ne prévoyaient pas qu’il puisse rééditer son coup de 2002 –, et surtout du taux historique de participation. Au risque de ne pas être original, le droit de vote est quelque chose qui me tient plutôt à cœur: il fut gagné de chère lutte, et il est tout à la fois le meilleur garant et la pierre d’angle de ce que nous appelons la ‘‘démocratie’’, qui, comme le disait Churchill, est à tout prendre le moins mauvais des systèmes.

Ce taux de participation constaté dans les bureaux de vote de mon village – que je n’avais jamais vu aussi remplis – et alimenté par des annonces régulières m’a plongé dans un état d’euphorie pendant une bonne partie de l’après-midi. J’ai même, je l’avoue, rêvé d’un second tour Royal / Bayrou, d’un désaveu massif de Sarkozy qui lui foutrait une telle honte qu’il n’oserait même plus sortir dans les rues de Neuilly. Bon, je savais bien que ça relevait plus du rêve que d’autre chose, mais que voulez-vous, je suis un sentimental. Jusqu’à ce que les premières estimations des résultats (obligeamment fournies par des sites suisses) ne me fassent redescendre de mon nuage.

Ségolène Royal a eu pendant toute cette campagne l’art de me taper souverainement sur le système. S’il y a bien une chose dont j’ai horreur, c’est d’être pris pour un con (sauf si je le fais exprès, s’entend, mais c’est une autre histoire), et son ‘‘parler simple’’ m’horripile. Je cherche encore à comprendre en quoi consiste son programme, mis à part le culte de la personnalité et la pratique du «lançons n’importe quelle proposition au hasard, si les réactions sont mauvaises je dirais le contraire trois jours plus tard». Que cette pratique l’ait conduite assez souvent à aller chasser sur les terres de la droite – laquelle il est vrai chassait sur les terres de l’extrême-droite – n’est pas l’un des aspects les plus reluisants de son parcours. Enfin, je trouve assez lamentable que les seuls arguments que les militants P.S. aient trouvé à avancer en sa faveur jusqu’ici aient été 1) le fait qu’elle soit une femme, et 2) le «vote utile».

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Ceci étant dit, si je ne suis pas sûr que Ségolène Royal ait les compétences nécessaires à la fonction présidentielle, je crains moins son incompétence que la ‘‘compétence’’ de Nicolas Sarkozy. Dans un cas je prévois cinq années peu glorieuses; dans l’autre, cinq années carrément sombres. Je considère que l’accession de Sarkozy serait la pire chose qui puisse arriver à la France, tant du point de vue des politiques intérieure qu’extérieure. Bref, je voterais pour un labrador s’il avait ses chances contre Sarkozy, alors pourquoi pas pour Ségolène Royal?...

Oooh bien sûr j’entends certains dire que je me laisse aller à la caricature. Non Sarkozy n’est pas Hitler. Il est juste comme Berlusconi. Qui n’est lui-même pas très éloigné de Poutine. Qui est lui-même ce qu’on peut faire de moins éloigné d’un dictateur dans le monde occidental contemporain. Bien sûr aucun d’entre eux n’est strictement équivalent à l’autre. Ils ont juste un inquiétant air de parenté. À peu près les mêmes idées. À peu près les mêmes discours. À peu près les mêmes méthodes. À peu près…

Je ne sais pas trop ce que je peux attendre de Ségolène Royal, mais la politique et les propos tenus jusque-là par Nicolas Sarkozy me donnent une idée assez précise de ses projets à venir. En conséquence, dans deux semaines, sans joie ni conviction, mais sans remords, je voterais pour la Madone du Poitou plutôt que pour le Nabot de Neuilly. J’espère que les «bayroutisés de gauche» – dont je – et ceux qui ont voté pour les différents partis d’extrême-gauche reporteront leur voix sur Royal pour faire barrage au pire. J’espère surtout que cela sera suffisant pour combler l’écart qui sépare les deux opposants, et pour contrer le retour des centres-droit et des fachos dans le giron de l’UMP. Bayrou aurait sûrement eut plus de chance de l’emporter, mais cette option n’est plus. Rallions-nous donc au tailleur blanc de la seule alternative possible dans les circonstances actuelles.

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Sur ces bonnes paroles, et pour finir ce post fourre-tout sur une note plus optimiste, j’en profite pour annoncer – sans aucun rapport avec ce qui précède – que les quelques temps que j’ai avant de me replonger dans la préparation de l’agrégation (en vue de l’oral de juillet) devraient incidemment me permettre de relancer un peu l’actualité de ces pages, notamment en me permettant de rédiger certaines choses restées à l’état de projet, voire – peut-être, on verra – de tenter un peu de nettoyage de printemps et de réorganisation du blog. Il devrait donc bientôt à nouveau être question en ces lieux de cinéma, de musique, mais aussi de religion ainsi que de littérature, un sujet que bizarrement je m’interdisais plus ou moins consciemment d’aborder jusque-là. Rhaa, la vache, si c’est pas du teasing, ça…

15.4.07

J-1

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Début des épreuves écrites d’agrégation de Lettres modernes demain matin.

Un peu plus de 1300 inscrits.

114 places disponibles au terme de la course.

Originellement, j’avais pensé illustrer ce post d’une photo de mon avant-bras avec une étiquette «Ouvrez ici» (retirée d’un paquet de sucre) posée sur les veines, mais je n’ai pas réussi à prendre une photo convenable. Tant pis, ça aurait bien illustré mon état d’esprit.

Au menu du week-end: stress (écrasant), fatigue, et, malgré cette dernière, dernières révisions sur les œuvres ayant – selon de savants calculs de probabilités – le plus de chance de tomber demain en dissertation, à savoir Cleveland de Prévost, les poèmes de Saint-John Perse, et l’Itinéraire de Paris à Jérusalem de Chateaubriand… Bon, en fait, surtout sur l’Itinéraire, parce que des trois œuvres en question, c’est très nettement celle que je maîtrise le moins bien.

Mon objectif n’a pas varié depuis septembre: capitaliser un max sur les deux dissertations (de littérature française et de littérature comparée), qui sont en quelque sorte mes “matières fortes” et se trouvent aussi – ça tombe bien – être celles dotées (et de loin) du plus gros coefficient, et sauver les meubles dans les matières techniques – le tout afin de décrocher l’admissibilité, suite à quoi je pourrais bosser comme un malade pour rattraper les points manquants pour franchir (peut-être) victorieusement le deuxième tir de barrage, les oraux de cet été.

Si tout se passe bien («si tout se passe bien» j’ai dit, hein!), je devrais décrocher une note moyenne en version anglaise, ainsi qu’en grammaire – étant entendu: premièrement, que si je sais plutôt bien me servir de la grammaire française, l’analyser avec des mots techniques a toujours été une autre paire de manches pour moi (c’est un peu comme la différence entre conduire une voiture et être garagiste); et deuxièmement, que je trouve assez absurde la dictature des dernières-théories-grammaticales-à-la-mode-chez-les-linguistes qui caractérise ladite épreuve, alors que ces théories ne sont vraisemblablement pas celles que les futurs profs que nous sommes censés être apprendront à leurs élèves (ils n’y comprendraient rien) et qu’elles correspondent encore moins à ce que les auteurs des textes que nous analysons connaissaient.

La palme couronnant le moment où la seule preuve de l’appartenance d’une proposition à telle ou telle catégorie syntaxique réside dans le fait qu’elle soit précédée d’une virgule, alors que jusqu’au XVIIIe siècle, et même au-delà pour certains auteurs, la ponctuation interne n’avait pas en français une fonction syntaxique mais purement rythmique (d’où par ailleurs le fait qu’elle soit fréquemment retouchée dans les éditions grand public).

Bref tout ça pour dire que je n’espère pas décrocher une note mirobolante, mais que je garde malgré tout l’espoir de ne pas totalement foirer cette épreuve, et tant pis si pour les ultimes révisions mon vieux Bled de l’école primaire aura plus servi que la G.M.F. (Grammaire méthodique du français) de Riegel/Pellat/Rioul, bible des néo-grammairiens, quoique déjà remise en cause par les plus novateurs.

Reste l’écueil principal, du genre naufrageur: en latin et en ancien français, j’ai l’impression d’être à peu près aussi nul, ou guère moins, que depuis septembre. En gros la principale différence entre avant et maintenant, c’est qu’à présent je devrais, je serais censé savoir ce que je ne sais toujours pas... La faute n’en incombe pas à nos professeurs en ces deux matières, qui se sont dépensés sans compter, l’un d’eux allant jusqu’à nous faire six heures de cours chaque semaine au lieu des deux heures bihebdomadaires pour lesquelles il était payé (et après on accusera les profs de ne rien foutre...). Mais tout cela ne fut pas d’une grande efficacité sur moi, j’en ai peur.

Et le fait que, conscient que mon retard dans ces matières ne me permettrait jamais d’atteindre des résultats éblouissants en neuf mois de temps de préparation, je les aie, disons, “un peu” laissées de côté pour me concentrer sur le reste, n’est pas fait pour arranger les choses, et surtout pas mon stress de veille de concours.

Autant dire qu’il vaudrait mieux pour moi que la dissertation tombe sur une œuvre que je maîtrise mieux que les autres, et pas l’inverse (donc pas sur Marot, heureusement loin d’être placé au hit-parade des probabilités pour tout un tas de raisons; pas sur Molière, sur lequel il n’y a pas grand-chose à dire en dissertation, et ça ne sont hélas pas les cours de cette année qui nous auront fait changer d’avis là-dessus; de préférence pas sur Chateaubriand non plus... oui, oui, je sais, je fais le difficile). Un plantage à cette épreuve ruinerait à coup quasi certain ma possibilité de décrocher l’agrégation, voire même l’admissibilité, cette année.

En résumé: si le sujet de dissertation pouvait tomber sur Cleveland de Prévost, ça m’arrangerait, merci.

4.4.07

Grincements de dents dans un amphi anglais

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Une public school anglaise, l’avant-dernier jour de l’année, 18h30. Taplow, élève de seconde, attend son professeur de grec ancien qui l’a convoqué pour lui faire rattraper un cours. Et pas question de sécher. Sévère autant qu
introverti, à la limite de la psychorigidité, Andrew Crocker-Harris, dit «le croco» (ou encore, selon le directeur de l’école, «le Himmler de la classe de seconde»), n’est pas vraiment un enseignant populaire. Il s’apprête à quitter prématurément son poste, contraint par des ennuis de santé, au moment même où il espérait une promotion. Bafoué par sa femme, moqué par ses élèves, méprisé et spolié par sa hiérarchie, humilié par tous, Andrew va passer une soirée éprouvante qui pourrait lui être fatale... ou lui permettre, peut-être, de prendre un nouveau départ salvateur.

La Version de Browning est une pièce de 1948, écrite par Terence Rattigan, prolifique auteur briton peu connu sur nos côtes. La mise en scène qu’en propose Didier Bezace, créée en janvier 2005 au Théâtre de la Commune à Paris, vient de faire à Marseille l’une des dernières escales de sa tournée. Justement récompensée par deux Molières, elle fait parfaitement ressortir la cruauté de ce texte grinçant qui fait couler l’acide dans l’univers feutré des public schools britanniques – univers (a fortiori à l’époque de la rédaction de la pièce) pétri voire sclérosé de conventions sociale et de bienséances s’il en est, desquelles Crocker-Harris devra parvenir à s’extraire pour survivre. Le choix de situer l’ensemble de la pièce dans le décor de la salle de classe vide produit parfois quelques effets gênants pour la compréhension de certains points, mais ces détails s’oublient vite et sont de peu de poids au regard de la force symbolique de l’utilisation de cet espace dans lequel le personnage erre, commandeur déchu, presque fantomatique par instants. Enfin, pour ce qui est de l’interprétation, si l’ensemble de la distribution est d’un très bon niveau, dans le rôle principal Alain Libolt, lui, est tout simplement extraordinaire. Sa diction et son jeu très particuliers confèrent un caractère véritablement unique et particulièrement marquant au personnage. Bref, une réussite sur tous les plans.