14.3.06

Post... scriptum (histoire d'une manipulation?)

Le post sur l'occupation de la Sorbonne m'ayant attiré un surcroît de visiteurs, il est de mon devoir (comme j'avais d'ailleurs commencé à le faire dans les commentaires du post en question, mais comme tout le monde ne regarde pas les commentaires...) d'ajouter ici ce rectificatif. Donc voilà, mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa.

En effet, si le policier qui nous a renseigné devant la Sorbonne nous a annoncé le chiffre de 12503 livres détériorés en se réclamant du fait que les huissiers venaient de finir le constat, ce qui pouvait tout de même paraître un indicateur d'une certaine fiabilité, ce chiffre semble bien être tout à fait surévalué. Ce serait, SEMBLE-T-IL (je fais gaffe maintenant), le rectorat lui-même qui aurait fait passer ces chiffres, qui ont bien entendu profondément traumatisé un certain nombre de personnes, à commencer par les étudiants (et accessoirement moi-même). Manipulation délibérée?... Tentative d'attirer l'attention sur un sujet qui, il est vrai, ne semble pas intéresser grand'monde (on a même trouvé un blog où le rédacteur raillait l'image du ministre montrant des "vieux livres" abîmés, qui "si ça se trouve" "n'ont aucun intérêt"... hum.....)? Moment de panique?... Vous remarquerez que cette fois méfiance, je laisse plusieurs pistes ouvertes, même si j'ai quand même ma petite idée...

Quoi qu'il en soit, d'après les plus récentes informations en provenance de l'intérieur des bâtiments (certains étudiants ayant pu joindre des professeurs), les dégâts parmi les ouvrages proprement dits sont relativement minimes, et ce aussi bien à l'Ecole des chartes qu'à la Sorbonne proprement dite. Les livres brûlés au milieu de la cour étaient des livres récents, et l'on n'est même pas sûr qu'ils s'agissent de livre appartenant à l'université. Quant aux livres déchirés par Gilles de Robien devant les caméras de télé, il s'agissait précisément de livres... déjà abîmés avant l'occupation, qui avaient été envoyés à l'Ecole pour restauration!

Bref tout cela, à défaut de sentir le livre cramé, sent très fort la manip' politique - ou l'incompétence généralisée, cochez la mention qui vous semble la moins pire. Pour ma part, sous le coup de l'indignation, j'ai donné dans le panneau, manqué de cet esprit critique dont j'espère qu'il me caractérise la plupart du temps (grrrrrr, on touche pas aux livres, sinon mouvement agressif réflexe), et, last and (I'm afraid) least, contribué à répandre des informations erronées. Même si, heureusement, l'audience de mon blog reste tout à fait limitée, je me sens tout de même un peu mal sur ce coup-là...

Précisons tout de même que, que le chiffre des livres abîmés ou détruits se compte en milliers ou en centaines, ou même en dizaines d'ailleurs, et même s'il ne s'agissait a priori pas d'incunables ou de livres rares du XVIIIe, le procédé reste dans l'absolu tout ausi condamnable. Par ailleurs, sans être en ruines, la Sorbonne et les locaux de l'Ecole des chartes ont subi des dégâts matériels relativement importants que le grand "ouffff" poussé par les étudiants à l'annonce des livres épargnés ne doit pas occulter, et qui vont coûter bonbon à réparer. Des vols d'ordinateurs sont également à déplorer. Tout cela semble bien aller dans le sens de l'hypothèse formulée dans mon précédent post, à savoir que les étudiants proprement dits, qui avaient prévu à l'origine une manifestation pacifique, se sont fait déborder par une bande de casseurs dont les motivations n'avaient sans doute que peu à voir avec le débat politique en cours.